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Pouvoir, gouvernement, domination

Projet scientifique

Cet axe privilégie une réflexion sur les pouvoirs, leurs fondements et les conditions de leur affirmation. S’y inscrivent plusieurs programmes dont les caractéristiques sont une complémentarité des questionnements, notamment sur le thème de la souveraineté, une démarche marquée du sceau de l’anthropologie politique et juridique, un travail d’édition de sources pour une mise en série, préalable à des études sur le vocabulaire du pouvoir et du gouvernement, et une approche qui combine, à l’échelle de l’Europe, lectures comparatives et études de cas. Les recherches menées dans ce thème s’inscrivent donc dans une histoire politique renouvelée.

Outre les travaux menés sur la justice de saint Louis, sur « gouverner et dire le pouvoir : l’acte princier (XIIIe-XVe s.) », sur le gouvernement pontifical (Pénitencerie apostolique, XVe s.), enfin sur les procédures de constitutionnalisation des régimes politiques, déjà bien engagés et qui seront poursuivis, on peut mentionner deux nouveaux développements dans ce champ d’histoire politique pour les cinq années à venir : 

 

1. Le premier invite à une relecture du Xe siècle européen sous le titre : « Repenser le Xe siècle au prisme des territoires : régulations et résistances dans une Europe en reformation (870-1000) ». Il s’agira de remettre sur le métier les problématiques propres au Xe siècle, à partir d’un focus sur la cité de Plaisance dont la riche documentation inédite servira de base d’une part à la production de données, d’autre part à plusieurs actions de formation. Néanmoins, l’objectif n’est pas de type monographique : à partir de l’analyse des données propres à cet espace, il s’agira de « repenser le Xe siècle » dans un contexte européen en procédant à des études comparatives portant sur plusieurs points, l’axe principal de réflexion portant sur les expérimentations politiques, les résistances aux bouleversements sociaux et les processus de régulation. On abordera notamment la question du développement des réseaux et celle des villes comme lieux réticulaires, la question des élites et de la formation/transformation des communautés politiques, enfin la place des femmes au sein de ces logiques. Ce programme s’inscrit dans une large coopération nationale (notamment avec l’IRHT et l’EFR) et internationale (notamment avec l’université de Padoue). 

 

2. Le second vise à mettre à la disposition de la communauté scientifique une base prosopographique, collective et collaborative, des officiers locaux royaux de 1190 à la fin du XVe siècle (royaume de France), sous le titre : « Nouvelle Gallia Regia ». Or en l’état, on ne part pas de rien. L’école méthodique, qui mit au centre de ses préoccupations la critique, l’édition et le traitement des archives royales et princières, œuvra précocement à constituer de premiers répertoires des officiers royaux. Delisle profita ainsi de son édition monumentale des Enquêtes administratives de saint Louis, rassemblant des milliers de plaintes contre l’administration royale, pour livrer une « chronologie des baillis et des sénéchaux royaux depuis les origines jusqu’à Philippe de Valois ». Agrémenté de détails biographiques sur chaque individu, ce premier répertoire ne concernait que ces hauts personnages, laissant dans l’ombre les officiers subalternes. Dupont-Ferrier décida donc non seulement, dans son imposante Gallia Regia en six volumes, de prendre le relais en poursuivant la recension de 1328 jusqu’en 1515, mais également de l’élargir à l’ensemble des officiers des bailliages et des sénéchaussées (baillis, prévôts, lieutenants, sergents, receveurs, avocats, etc. On dispose aussi, via le Corpus Philippicum lancé par Robert Fawtier en 1938, d’un répertoire prosopographique des officiers de Philippe le Bel, la Gallia Philippica, conservée à l’état de fiches à l’IRHT. L’Opération Charles VI héberge enfin la Basénée qui recense les 164 baillis et sénéchaux nommés durant la guerre civile entre 1400 et 1418. Réalisé avec le soutien de l’IUF et en partenariat avec l’Ecole nationale des Chartes, le projet entend valoriser et centraliser ces ressources dans une démarche de Science Ouverte.