Parutions antérieures à 2021
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Ouvrages
Vous trouverez ici une liste chronologique des parutions des membres du LaMOP pour la période 2014-2020.
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2020
Dans les règles du métier
Philippe Bernardi, Corine Maitte et François Rivière (éd.), 2020, Dans les règles du métier. Les acteurs des normes professionnelles au Moyen Âge et à l’époque moderne, Palerme : New Digital Frontiers, 300 p. (Economic History Frameworks, no 5) ISBN : 978-88-85812-67-3
Présentation de l’ouvrage (au format PDF) :
Pénétrer dans les règles des métiers entre les XIIIe et XVIIIe siècles, c’est renouveler une historiographie qui les a trop souvent confondues avec le règlement intérieur des corporations. Dans le cadre d’un projet sur « Les formes de réglementation des métiers dans l’Europe médiévale et moderne », ce volume s’est concentré sur la multiplicité des acteurs intervenant dans l’élaboration et la mise en œuvre de ces normes, des gens de métiers aux monarques, en passant par les communes, les seigneurs, les « bonnes gens », les élites marchandes, les juridictions… ou les voisins !
La réglementation est un processus auquel participent le plus souvent les gens de métiers, mais qui contribue en retour à les définir, comme individus ou communautés, comme artisans ou artistes, comme travailleurs ou fraudeurs.
Ces règles servent-elles la concorde ou sont-elles instrumentalisées par des intérêts particuliers ? Réunissent-elles des groupes professionnels ou nourrissent-elles des conflits entre eux, voire en leur sein ? Comment s’articule le pouvoir des autorités avec celui qui est conféré aux gens de métiers par leur expertise ? De Paris à Palerme et de Valence à Venise, les contributions rassemblées présentent les acteurs de jeux d’influence dont la réglementation des métiers est partout le théâtre et dont le dénouement n’a rien d’une évidence.
Philippe Bernardi est directeur de recherche au CNRS (LaMOP). Médiéviste, il est spécialiste du monde de la construction.
Corine Maitte est professeur d’histoire moderne, spécialiste d’histoire du travail particulièrement en Italie.
François Rivière, agrégé et docteur, est enseignant-chercheur en histoire médiévale à l’université d’Évry et au LaMOP, spécialiste du monde des métiers en France du Nord.
Table des matières
François Rivière. Introduction. Les acteurs : une pierre apportée au chantier sur la réglementation des métiers (p. XI)
* Première partie. Acteurs des processus d’élaboration des règlements de métiers
Giuliano Milani. Introduction (p. 37)
Juan Vicente García Marsilla. Le roi, la ville et les métiers en concurrence. Réflexions sur les acteurs des ordonnances médiévales de Valence (XIVe-XVe siècles) (p. 43)
Jean-Louis Roch. Les inconnus des réglementations des métiers : des vinages aux bonnes gens et aux prudhommes (XIIIe-XVe siècles) (p. 57)
Emanuela Garofalo. Construction Guilds in Southern Italy and the Islands (15th-16th Centuries): Leadership and Rivalries (p. 71)
Émilie Fiorucci et Robin Quillien. Les formes réglées de l’échange dans la mercerie et les traghetti. Une étude des statuts de métiers de deux professions à Venise (XVe-XVIe siècles) (p. 83)
* Deuxième partie. Acteurs de l’interprétation de la réglementation
Didier Lett. Introduction. Le double jeu des acteurs : composer des normes et les interpréter (p. 105)
Laura Righi. À la tête des Arts : administrateurs et entrepreneurs face à la gestion des métiers du cuir à Bologne entre XIIIe et XVe siècle (p. 113)
Sandrine Victor. Acteurs et mise en pratique de la norme dans le secteur de la construction : interactions entre Métier et autorités municipales en Catalogne au bas Moyen Âge (p. 129)
Samuel Guicheteau. La tentative d’un groupe de portefaix nantais pour être reconnu comme jurande : les multiples acteurs de la réglementation (Nantes, 1720-1740) (p. 141)
Nicoletta Rolla. L’origine et le métier. Le statut de l’Université des maîtres charpentiers de Turin de 1733 (p. 157)
* Troisième partie. Enjeux et conflits liés aux réglementations de métiers
Simona Cerutti. Introduction (p. 175)
Benoît Descamps. Zoom sur l’étal et l’écorcherie. Les acteurs des normes professionnelles dans la boucherie parisienne (p. 181)
Solène Rivoal. Expertise et normes professionnelles : le rôle des pêcheurs vénitiens (p. 201)
Julien Lugand. Les doreurs de Barcelone (1650-1834) : la réglementation et la norme face à la concurrence des peintres (p. 219)
Andrea Caracausi. Derrière les normes. Procédures, conflits et factions dans l’Université de l’Art de la laine de Padoue (p. 235)
Bibliographie (p. 255)
Le pouvoir des listes au Moyen Age (2)
Étienne Anheim, Laurent Feller, Madeleine Jeay et Giuliano Milani (dir.), Le pouvoir des listes au Moyen Âge - II. Listes d'objets / listes de personnes, Presses universitaires de la Sorbonne, Paris, 2020.
Présentation de l'éditeur :
Le Moyen Âge aimait les listes. En énumérant et en organisant les êtres et les choses, pour les gérer ou simplement pour les connaître, les listes médiévales éprouvaient la performativité de l'écriture dans une société où son usage restait restreint à une élite. Ces listes étaient une façon d'agir sur le monde, pas seulement une manière de se le représenter. La rédaction d'inventaires - de livres, de joyaux et d'outils -, de listes de serfs d'un domaine ou encore d'habitants d'une ville, comme l'utilisation littéraire d'énumérations inspirées de ces pratiques sociales, ont marqué la manière dont l'Europe médiévale a construit la relation entre hommes et objets dans la longue durée.
Ce volume, deuxième volet d'un projet collectif consacré au « pouvoir des listes » au Moyen Âge, poursuit cette exploration anthropologique, rendue possible par la pratique de la mise en liste et la transmission de ces listes à l'intérieur des documents les plus divers. En confrontant les travaux de sociologues et d'anthropologues comme ceux de Bruno Latour ou Philippe Descola à la documentation médiévale, les auteurs révèlent la liste comme une forme singulière de domination sociopolitique et d'évaluation juridique et économique : elle lève le voile sur des relations entre humains et non-humains, entre sujets et objets, profondément différentes de celles qui se mettent en place avec la modernité.
La plume et le calame
Isabelle Bretthauer, Anna Caiozzo et François Rivière (éd.), La plume et le calame. Entre Orient et Occident, les métiers de l’écrit à la marge, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, 2020, 458 p.
Jusqu’où les pratiques de l’écrit se sont-elles professionnalisées au Moyen Âge et à l’époque moderne ? La fonction sociale des scribes ou copistes est souvent symboliquement liée aux textes sacrés, en Occident comme en Orient. Mais la transmission des savoirs par l’écriture déborde le cadre religieux pour s’insinuer progressivement dans une multitude de milieux sociaux. La maîtrise de l’« écrit » (au sens d’acte d’écriture et d’action sur la matérialité de l’écrit) n’apparaît cependant comme centrale que dans quelques métiers (notaires, maîtres d’écriture, transmetteurs…), tandis que, pour de nombreuses autres activités, cette compétence reste longtemps secondaire, sans reconnaissance sociale particulière.
Dans une perspective comparatiste, les 20 contributions traitent d’un large espace, de la chrétienté occidentale aux cultures musulmanes et juives du Proche-Orient, et jusqu’au Levant. Les figures d’« écrivants » apparaissent diverses et souvent à cheval sur plusieurs métiers : transmetteurs (râwiya) ou traducteurs insérés dans la République des Lettres, maîtres soufis ou poètes populaires, prisonniers ou artisans, mais aussi relieurs, peintres ou enlumineurs. L’approche comparatiste fait alors émerger des mouvements généraux, autour de l’évolution des modalités de transmission des textes : l’écrit ne supplante pas l’oralité mais dialogue avec elle dans nombre de métiers jusqu’à l’époque moderne ; les transmetteurs ou traducteurs affirment leur importance dans la « création culturelle » ; les représentations figurées sont parties prenantes d’œuvres textuelles. De ce fait, le rôle de ces métiers peut-il être, dans les approches historiques et littéraires contemporaines, encore repoussé dans les marges ?
Isabelle Bretthauer, docteur en histoire médiévale et Chargée d’Études Documentaires aux Archives Nationales, Anna Caiozzo, professeur des Universités à l’Université Bordeaux Montaigne et François Rivière, docteur en histoire médiévale et ATER à l’université d’Évry-Val d’Essonne, présentent ici le résultat d’un projet pluridisciplinaire réunissant histoire, histoire de l’art et littérature.
Sommaire :
Introduction p. 13
Brigitte FOULON : Le passage de l’écrit à l’oral. Le grand transmetteur (rāwiya), un maillon essentiel entre oralité et mise à l’écrit de la littérature arabe p. 27
Daphné RABEUF : L’écrit comme trace d’un patrimoine oral commun : l’exemple d’un recueil de contes arabes anonymes des XIIIe/XIVe siècles p. 47
Jean-Charles DUCÈNE : Le copiste et la dictée dans le monde arabe médiéval p. 65
Harit JOSHI : Rapporter les paroles du maître : les malfūẓāt dans le sultanat de Delhi p. 79
Jean-Dominique DELLE LUCHE : Les « maîtres de la batte » : poésie de circonstance et concours de tir dans le Saint-Empire au XVIe siècle p. 93
Marc ZUILI : Le métier de traducteur à la Renaissance : le cas de Gabriel Chappuys p. 121
Francoise RICHER-ROSSI : Le traducteur : ce qu’en dit le paratexte. De l’espagnol à l’italien. Enjeux conceptuels et idéologiques dans la Venise du XVIe siècle. p. 143
Fabien SIMON : Jean Baudoin, écrivain de l’intermédiaire p. 165
XIAOHONG Li : La naissance du calligraphe p. 195
Jose COSTA : Scribes, traducteurs et transmetteurs : rabbins et juifs entre écriture et oralité dans le contexte antique p. 205
Anna CAIOZZO : Un paradoxe visuel ? Le scribe et le peintre à la marge dans les manuscrits de l’Orient médiéval p. 233
Nourane BEN AZZOUNA : Une source exceptionnelle pour l’histoire de l’écrit : Ibn al-Fuwaṭī et son Talkhīṣ Majmaʿ al-ādāb p. 255
François RIVIÈRE : Des artisans aux marges de la littératie : les gardes des métiers, un office de l’écrit en Normandie, XIVe-XVIe siècles p. 277
Philippe FAURE : L’écrivain et le peintre dans la miniature médiévale p. 317
Tiziana LEUCCI : L’écrit à la marge et les écrivaines « marginalisées » : le cas des courtisanes artistes en Inde p. 333
Francis RICHARD : La marge face au texte, quelques notes p. 363
Isabelle BRETTHAUER : Produire l’écrit et après ? Le travail autour des documents écrits à la Chambre des comptes (XIVe-XVe siècles) p. 369
Jean-Charles COULON : Écrire et figurer le cosmos : l’emploi des figures dans les manuscrits de sciences occultes islamiques attribués à al-Būnī (m. 1225) p. 397
Jean-Pierre JARDIN : L’arbre de l’évêque. Le programme iconographique de l’Anacephaleosis et sa réalisation p. 423
Anne-Colombe LAUNOIS : Une œuvre au noir, signature d’un peintre méconnu de l’école sikhe de Patiala (Panjab, Inde du Nord), XVIIIe-XIXe siècles p.439
Lettres de Monsieur L. (1514-1516)
J. Morsel (éd.), Lettres de Monsieur L. (1514-1516), Paris, 2020. L'ouvrage est disponible en ligne au format PDF.
Résumé
Le texte qui suit est celui d’une copie, dans un registre actuellement conservé aux Archives municipales de Nuremberg (Stadtarchiv Nürnberg) sous la cote B 11, Nr 372, d’un échange épistolaire entre les « Seigneurs de la guerre » (Kriegsherren) de la ville impériale de Nuremberg et un « espion » dont l’identité est dissimulée, mais qui s’avère être un nobliau soudoyé pour rapporter aux Kriegsherren les dires, projets, faits et gestes des nobles des alentours ainsi que du margrave de Brandebourg-Ansbach et secondairement des évêques ou archevêques de la région. Les lettres originales elles-mêmes étaient écrites avec du lait, tandis qu’un message banal (une commande commerciale ou la réclamation de documents écrits) était écrit à l’encre de l’autre côté, pour tromper un éventuel intercepteur. Ces lettres sont datées de 1514-1516 et sont au nombre de 27. Ce registre est un volume de papier strictement contemporain des lettres elles-mêmes. Les transcriptions occupent 30 folios (soit 60 pages), les 150 folios suivants étant restés vierges (quoique numérotés). Les transcriptions sont toutes dues à la même main et sont précédées d’un index alphabétique, également presque vierge à l’exception d’une unique mention (de la même main) renvoyant à la première des lettres copiées dans le registre. Le tout est relié sous une couverture de cuir brun, sur laquelle est collée une étiquette de papier indiquant (de la même main que le registre) qu’il s’agit du registre n° 1 des lettres de « Monsieur L. ».
Privauté, gouvernement et souveraineté
François FORONDA, Privauté, gouvernement et souveraineté. Castille, XIIIe-XIVe siècle, Madrid, Casa de Velázquez, 2020. L'ouvrage en disponible en ligne sur la plateforme OpenEdition.
Résumé
Avant le temps des ministres-favoris de l’époque baroque, les rois de l’Europe médiévale ont compté dans leur proximité sur l’assistance de personnages souvent vus comme leur préfiguration. Cette expérience de la privauté n’est cependant pas partout de même intensité. Ainsi, la Castille de la fin du Moyen Âge se distingue-t-elle par une continuité d’expérience. Ce terrain s’avère donc particulièrement propice pour interroger l’identité de la privauté médiévale, son sens historique. La privauté (privanza) est un choix, celui de l’amitié contre la parenté. Réalisé sur le terrain idéologique à partir du milieu du xiiie siècle, ce choix se fait stratégique au début du xive siècle : contre ses parents et ses barons, qui entendent exercer une emprise sur sa royauté, le roi lance ses créatures, les privados, pour s’en libérer. Si ceux-ci oeuvrent donc à une expulsion, ils organisent dans le même temps une participation alternative et plus large au gouvernement du roi, celui de sa personne et de son royaume. La privauté fait ainsi sentir quel dépassement sociétal affecte la compagnie royale à partir du xiiie siècle. Et la répétition des expériences de privauté au xive siècle fonde un régime politique, marqué par la distinction entre gouvernement et souveraineté. Cet essai envisage à nouveaux frais ce moment fondateur de l’expérience médiévale du pouvoir d’État.
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2019
Les retours
François FORONDA, Les retours, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2019, 128 pages, ISBN 979-10-351-0329-3.
Résumé
« Je suis convaincu que les lecteurs de cette ego-histoire attendent de ma part le récit d'un retour au pays, la rassurante trajectoire d’un fils d’immigrés espagnols devenu un médiéviste français de l’Espagne. Pourquoi pas. Mais les chemins du retour ne sont pas toujours les plus droits, et ramènent-ils toujours au point de départ attendu ? » Loin de proposer l’histoire linéaire de sa trajectoire, François Foronda la soumet ici à un exercice d’auto-analyse, en historien, sur la base de ses archives personnelles. Davantage que des retours, cet exercice le conduit à réaliser un voyage fait d’un constant va-et-vient entre quatre lieux de mémoire, deux pays, le passé et le présent, la vie académique et la vie personnelle, que l’auteur tient également pour une vie majuscule. Et une forme de réconciliation libératrice se fait jour au bout de ce voyage, pratiquement circulaire, dans l’arrière-pays retrouvé de la vocation historienne de l’auteur.
Pour une histoire de l’archéologie navale
Eric RIETH, Pour une histoire de l’archéologie navale. Les bateaux et l’histoire, Paris, Éditions Classiques Garnier, collection Histoire des techniques, n° 17, 2019
Résumé
Ce livre retrace les différentes façons dont les bateaux, comme outils de travail civils et militaires, tout à la fois architecture et machine, ont été envisagés en tant qu’objets d’histoire. Chronologiquement, l’étude s’étend du xvie siècle à notre époque.
L’Industrie cistercienne (XIIe-XXIe siècle)
L’Industrie cistercienne (XIIe-XXIe siècle), actes du colloque international (Troyes – Abbaye de Clairvaux – Abbaye de Fontenay, 1er-5 septembre 2015)", Arnaud BAUDIN, Paul BENOIT, Joséphine ROUILLARD et Benoît ROUZEAU (éd.), Paris, Somogy-Éditions d’Art, 2019.
Résumé
La règle de saint Benoît, réformée par Robert de Molesme, Étienne Harding et Bernard de Clairvaux à partir de la fin du XIe siècle, structure la journée du moine entre prière et travail. Fondée sur l’exploitation par les convers de l’immense patrimoine foncier, une économie puissante et multiforme se met en place au sein de laquelle l’industrie occupe une place essentielle qui participe des innovations technologiques du Moyen Âge et de l’époque moderne. En témoignent les études monographiques consacrées aux forges monastiques, à l’énergie hydraulique, aux exploitations minières ou aux carreaux de pavement qui se sont développées au cours des cinquante dernières années.
Ce colloque, le premier entièrement consacré à ce thème, aborde, à la faveur de sources archivistiques et archéologiques renouvelées, les questions des arts du feu (terre cuite, verre, métallurgie du fer et des non ferreux), des activités minières (sel, pierre, argent) et textiles. De l’Angleterre et du Pays de Galles à la péninsule ibérique, en passant par la France, les Pays-Bas et l’Europe de l’Est, les meilleurs spécialistes internationaux proposent études de sites, posters et synthèses régionales. Prolongement de cette activité séculaire, certains monastères maintiennent, aujourd’hui encore, une industrie cistercienne vivante.Transiger
Transiger : Éléments d'une ethnographie des transactions médiévales, Julie Claustre (Dir), Paris, Éditions de la Sorbonne, Collection Histoire ancienne et médiévale, 2019
Résumé
À une époque où la société contractuelle est présentée comme un idéal émancipateur et modernisateur, il n'est pas inutile de mener une réflexion historique sur le phénomène contractuel. C’est ce à quoi s’emploie cet ouvrage, résultat du travail d’un groupe de chercheurs de plusieurs disciplines : des historiennes et historiens, un historien du droit, une spécialiste de littérature romane et un sociologue, examinent les formes et les implications de la montée en puissance du phénomène contractuel à l’époque médiévale. En quatorze études précises menées à partir de dossiers de sources exceptionnels en France, Germanie, Italie et Espagne du VIIIe au XVe siècle, précédées d’une dense introduction et suivies d’une conclusion, l’ouvrage propose la première synthèse sur les transactions médiévales, utile tant aux historiens qu’aux sociologues et anthropologues. Les transactions, entendues non seulement à travers les contrats qui les sanctionnent, mais aussi comme des processus de négociation, sont abordées à la fois sous l’angle juridique, dans leurs enjeux socio-économiques et dans leurs aspects matériels et scripturaux. L’intrication des dimensions marchandes et non-marchandes au sein de ces transactions constitue un des objets de réflexion du volume. Mais il les envisage dans toute leur richesse, faisant varier les situations sociales (famille, relations de travail, procédures judiciaires, échanges économiques…), les profils de contractants (le propriétaire foncier, le marchand, le chevalier, l’artisan…) et les usages sociaux de ces transactions. Cet ouvrage offre enfin aux lecteurs l’édition de nombreux documents étudiés par les auteurs.
Dans les dédales du web
Dans les dédales du web, Historiens en territoires numériques, Gaëtan Bonnot, Stéphane Lamassé (éd), Actes du colloque du LaMOP-PIREH 2016, Paris, Editions de la Sorbonne, 2019.
Résumé
Depuis l'émergence du web il y a désormais trente ans, les historiens déambulent dans la Toile, arpentant ses dédales comme ils le feraient dans un espace public où sont formulés et circulent des discours, notamment sur leur propre discipline. Si ces discours révèlent les rapports que la société entretient avec son passé, ils structurent également celui des jeunes générations de chercheurs ou de ceux qui ne sont pas, vis-à-vis de la pratique historique, les dépositaires d’une légitimité académique. Comment les historiens interrogent-ils ces transformations et se saisissent-ils de ces documents ? Au moyen de quels outils ? Quelles sont les nouvelles figures d’autorité qui émergent de cette mutation du système communicationnel ? L’internet et, de manière générale, les réseaux informatiques, sont fondés sur un socle composé de nombreuses strates qui, ensemble, forment un épais tapis de données, qu’il faut envisager dans sa profondeur temporelle. La Toile devient productrice d’archives que l’historien ne peut ignorer. Elle est devenue à la fois un moyen et un objet qu’il faut utiliser en prenant garde de ne pas se focaliser uniquement sur ce qui est mis en lumière par des algorithmes complexes. C’est l’un des fils directeurs de cet ouvrage : imaginer comment faire de ces ressources des matériaux pour la recherche et l’enseignement. Ce faisant, éprouver la solidité des méthodes proposées devient un impératif, face à des matériaux mouvants, composites, éphémères – en un mot fuyants. C’est tout l’objet de ces douze textes, qui invitent à l’expérimentation, à la discussion et au débat.
Administrer par l'écrit
Administrer par l'écrit au Moyen Âge (XIIe-XVe siècle), édité par Harmony Dewez, Lucie Tryoen, Paris, Editions de la Sorbonne, Collection "Histoire ancienne et médiévale", série du LaMOP, 2019.
Résumé
Cet ouvrage propose une série d'études fondées sur des travaux de jeunes chercheurs éclairant la façon dont l'essor de l’écrit documentaire au cours d’un long XIIIe siècle a transformé en profondeur les pratiques administratives des sociétés médiévales occidentales. De la Sainte-Trinité de Caen au Mont-Cassin, de Paris au Midi toulousain, ces textes interrogent la façon dont l’écrit administratif est produit, utilisé, archivé. Écrire, est d’abord une façon d’appréhender le territoire, par l’inventaire des ressources d’une institution, par l’enquête, par l’enregistrement d’actes, renvoyant aux préoccupations propres au contrôle d’un espace éclaté, ou dans l’affirmation d’une personnalité institutionnelle. Les formes prises par ces documents administratifs et leur place dans les processus de gouvernement dépendent des hommes qui en gouvernent la genèse, de leur conception à leur rédaction, que ces dynamiques soient collectives, comme dans l’administration du comte de Toulouse, ou individuelles, comme dans la pratique toute personnelle de l’artisan Jean Teisseire. L’objet-document ainsi produit résulte d’une stratification de pratiques évoluant dans le temps, que seule une étude codicologique minutieuse et rigoureuse peut restituer, comme dans le cas du livre-outil de Saint-Martin de Pontoise. Enfin, la dimension archivistique de l’écrit apporte un recul sur la constitution de mémoires documentaires indissociables de certaines transformations sociales de la fin du Moyen Âge. L’étude des cartulaires de Notre-Dame de Paris et des regards croisés sur la documentation de la Sainte-Chapelle, par exemple, viennent ainsi compléter notre compréhension des mécanismes d’archivage et de la fonction des archives au sein des institutions.
Travailler le cuivre à Douai au XIIIe siècle
Lise SAUSSUS, "Travailler le cuivre à Douai au XIIIe siècle. Histoire et archéologie d’un atelier de proximité", avec la collaboration de Nicolas Thomas, Marisa Pirson et Benjamin Jagou, Douai et Louvain-la-Neuve, "Collection Archaeologia Duacensis, 31 - Collection d’archéologie Joseph Mertens, XVII", 2019.
Résumé / Abstract
De 1983 à 1987, une fouille archéologique rue Saint-Julien à Douai révèle un atelier et ses quelques milliers de déchets témoignant d’un travail du cuivre et de ses alliages au XIIIe siècle. Cette publication examine l’unité de production à la lumière des sources archéologiques, mais aussi de sources écrites et archéométriques. Elle présente le cadre de la découverte à l’échelle de la ville jusqu’à celle de la parcelle en s’intéressant à l’intégration des métiers du cuivre dans le tissu urbain. L’étude de la stratigraphie et des structures composant cet atelier dans un vaste espace de près de 1 000 m² précède l’analyse du mobilier métallurgique, des techniques variées, en particulier celles des réparations de vaisselle, mais aussi des alliages mis en œuvre. Enrichie par l’examen du travail du fer, associé à celui du cuivre, et d’une partie de la vaisselle en céramique consommée sur le site, l’étude illustre un de ces ateliers de proximité qui ont subsisté à côté des grands centres de production tels ceux de la vallée de la Meuse. Voué à l’entretien des vaisselles, enclin à répondre à des commandes variées, ce type d’ateliers actifs aux échelles locales, celles de la ville et de ses alentours, profite de la circulation des productions de masse mises sur le marché à une échelle globale.
From 1983 to 1987, an archaeological excavation along the rue Saint-Julien in Douai revealed a workshop and its several thousand pieces of waste, testifying to the work of copper and its alloys during the 13th century. In this book, the workplace is examined in the light of archaeological sources, but also of written and archaeometric sources. It presents the framework of the discovery from the global scale of the city to the particular plot by focusing on the integration of the metalworking professions into the urban fabric. The study of the stratigraphy and structures composing this workshop in a vast space of nearly 1,000 m² precedes the analysis of the metallurgical finds, of the various techniques, in particular those of cooking and table utensil’s repairs, but also of the alloys used. Enriched by the examination of the ironwork associated with the copperwork, and part of the ceramic tableware consumed on the site, the study illustrates one of these local workshops that have survived alongside major production centres, such as those in the Meuse valley. Dedicated to the maintenance of crockery, inclined to respond to various demands, this type of workshop, active at the local level of the city and its surroundings, benefits from the circulation of mass productions placed on the market on a global scale.
Des chartes aux constitutions
Des chartes aux constitutions Autour de l’idée constitutionnelle en Europe (XIIe-XVIIe siècle), sous la direction de F. Foronda et Jean-Philippe Genet, Editions de la Sorbonne, Ecole française de Rome, Paris-Rome, 2019.
Résumé
Par constitution, il est convenu d'entendre un texte établissant la forme organique de l'État, et de tels textes n'existent pas avant le XVIIIe siècle. Peut-on alors parler de « constitutions » pour le Moyen Âge ? Empiriquement, communes et monarchies avaient des constitutions : aucun texte juridique ne les décrivait, mais elles existaient bel et bien et on en discutait pied à pied les dispositions. Dès qu’il les ont connues, les juristes et les théologiens ont discuté les constitutions analysées par Aristote dans sa Politique. Nul ne doute cependant du caractère constitutionnel de la monarchie parlementaire anglaise, que l’on considère aujourd'hui comme une constitution coutumière. Une définition trop stricte conduirait donc à passer sous silence certaines situations et expériences déterminantes dans la conceptualisation et l'application d'une idée constitutionnelle dans l'Europe des États qui se met en place à partir du XIIe siècle. Le choix d'une définition plus large s'impose. Nous avons donc adopté une définition plus large de ce que peut être une « constitution » : un ensemble de normes auquel, indépendamment de sa forme juridique, une société accorde une valeur fondamentale, parce qu'il définit, garantit et règle sa relation au pouvoir et fixe, ce faisant, les conditions d'un échange politique. Sur la base de cette définition, la mise en œuvre de l'idée constitutionnelle a été envisagée depuis les chartes de franchises (des proto-constitutions ?) jusqu'aux constitutions modernes, en passant par les législations produites par les États. On trouvera ici des études portant sur des textes ayant joué un rôle historique considérable : certains sont célèbres (la Grande Charte de 1215, la Bulle d’Or hongroise et celle de l’Empire), d’autres le sont moins (les tracts des Niveleurs) où ne sont même pas identifiés comme des textes constitutionnels les chartes gasconnes). Sur le fond de ces textes, on trouvera une réflexion théorique, portant sur la constitutionnalité du souverain ou sur celle des régimes politiques, ou encore sur les crises constitutionnelles. Sur leurs formes, très diverses, on trouvera aussi une approche mettant en relation les formes et les conditions sociales et politiques de production de ces textes. Enfin, peu de volumes peuvent prétendre rassembler à la fois des études synthétiques et des études de cas portant sur autant de périodes et de lieux différents.
Cuivres, Bronzes et laitons médiévaux
Cuivres, Bronzes et laitons médiévaux. Histoire, archéologie et archéométrie des productions en laiton, bronze et autres alliages à base de cuivre dans l’Europe médiévale (12e-16e siècles), Nicolas Thomas et Pete Dandridge (dir.) [Actes du colloque de Dinant et Namur, 15-17 mai 2014], Wallonie Patrimoine, AWaP, Études et Documents. Archéologie n° 39, 2018.
Résumé / Abstract
Cet ouvrage contient les actes d'un colloque international consacré aux productions médiévales en alliage à base de cuivre qui s'est tenu à Dinant et à Namur les 15, 16 et 17 mai 2014. Ces journées ont été organisées par le Service public de Wallonie (Belgique) et l'Institut national de recherches archéologiques préventives (France). Les actes rassemblent 34 contributions originales livrées par des spécialistes, archéologues, historiens, historiens de l'art ou encore métallurgistes et chimistes. Ils montrent la grande diversité des approches et des thèmes abordés au moyen de ce matériau très présent dans la culture matérielle. Au Bas Moyen Âge, le cuivre entre progressivement dans la fabrication de nombreux objets du quotidien, que ce soit pour la parure, sous forme de boucles de ceintures ou de petits éléments décoratifs du costume, ou encore dans la cuisine et les maisons quand il devient chaudron, aiguière, bassin ou puisette. À ces productions en série, souvent de masse, s'opposent des travaux réalisés sur commande pour l'aristocratie ou à des fins liturgiques. Le métal se décline alors sous l'aspect d'aquamaniles, de chandeliers d'autel, de lutrins… Le matériau est utilisé pour des œuvres monumentales comme des colonnes, des portes, des fonts baptismaux, des fontaines, des monuments funéraires ou encore des cloches. On trouve aussi le cuivre dans des contextes artisanaux, dans l'artillerie, les instruments de musique ou encore la monnaie. En explorant un vaste sujet par des angles variés, ce livre intéresse l'archéologie bien sûr, mais aussi l'histoire des techniques, l'histoire de l'art, l'histoire économique ou encore l'histoire sociale. Il s'adresse à un public averti, ou plus simplement curieux de l'histoire du Moyen Âge en Europe.
This volume contains the proceedings of the International Conference on Medieval Copper Alloys Production, held at Dinant and Namur on 15, 16 and 17 May 2014. The conference was organised by the Service public de Wallonie (Belgium) and the Institut national de recherches archéologiques préventives (France). The proceedings include 34 original contributions presented by archaeologists, historians, conservators, art historians, and other specialists, including metallurgists and chemists. Collectively, they show the great diversity of approaches being taken to elaborate the multiple themes associated with copper and its alloys in the material culture of medieval and post-medieval Europe. In the late Middle Ages, there was a gradual increase in the use of copper and its alloys for making everyday objects, whether for dress accessories, such as belt buckles or small decorative studs, or in kitchens and houses where the metal became a cauldron, ewer, basin, or lavabo. In contrast to these common objects fabricated in serial or mass production, were the exceptional, discrete objects satisfying the needs of the aristocracy and liturgy. Such made-to-order masterpieces might include aquamanilia, candelabra, or lecterns. Additionally, copper alloys were used for more colossal works of art such as columns, doors, baptisteries, fountains, funeral monuments and, of course, bells. Copper was equally sought in artisanal contexts, for artillery, for musical instruments, and for coinage. In exploring such a vast subject from multiple points of view, this volume will be of interest not only to archaeologist, but also to those involved in the history of techniques, art history, economic history, and social history. It is aimed both at an informed public and to those simply curious about the history of the Middle Ages in Europe.
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2018
Communautés d’habitants au Moyen Âge
Joseph Morsel, Communautés d’habitants au Moyen Âge (XIe-XVe siècles), Paris, éditions de la Sorbonne, coll. « Série du LAMOP », 2018.
Résumé
La formation des communautés d’habitants (sous une forme villageoise ou urbaine, groupée ou non) est un phénomène clé qui a touché l’ensemble de l’Occident latin à partir du XIe siècle. Son étude a connu une certaine vogue dans le dernier quart du XXe siècle, dans divers pays d’Europe, où l’on s’est toutefois appuyé sur des présupposés notionnels et méthodologiques très variables qui ont abouti à des résultats intéressants mais peu articulés. Le travail collectif mené dans le cadre du LaMOP (Paris 1) a visé à dépasser l’hétérogénéité des points de vue, à l’aide d’hypothèses de travail spécifiques. En particulier, il s’est agi de prendre au sérieux le fait social qu’est « l’habiter », impliquant entre autres que la cohésion des communautés reposait moins sur des rapports de parenté que sur l’idée d’appartenance commune à un lieu. Cet attachement se fondait quant à lui sur la définition d’un certain nombre de ressources réservées et liées à l’habitat lui-même, d’une part, et sur la définition de pôles d’attraction durable et eux aussi monopolistiques : les églises paroissiales et leur cimetière. Avec ces deux référents que sont l’habitat et la paroisse, le statut dépendant des tenanciers paysans passe à l’arrière-plan : les agriculteurs dépendants ne sont donc plus pensés par rapport à leurs seigneurs mais par rapport à leur lieu de résidence et de culte. Les dépendants sont ainsi transformés en habitants, et les communautés d’habitants peuvent donc être considérées comme des formes d’enchantement, de la domination sociale, contribuant ainsi à la reproduction à long terme du système seigneurial.
Traduction et culture
Traduction et culture, France-Iles britanniques, Jean-Philippe GENET (dir.), Paris, Editions Classiques Garnier, Collection : POLEN - Pouvoirs, lettres, normes, n° 11, 2018.
Résumé
Ces dix études historiques mettent en évidence différentes facettes du rôle de la traduction en France et en Angleterre : rôle dans le « grand remplacement » de la culture latine par les cultures vernaculaires, vecteur d’influences diverses, place dans un marché au cœur de la guerre des langues.
Condamner à mort
Claude GAUVARD, Condamner à mort. Pratiques de la peine capitale en France XIIIe-XVe siècle, Paris, Presses universitaires de France, 2018.
Résumé
« Digne de mourir, comme inutile au monde » : c'est en ces termes que les archives ont conservé la trace de la condamnation à mort d'un valet déclaré coupable de vol, à Paris, en 1391. Est-ce là une simple tournure de phrase destinée à la postérité, ou cette expression traduit-elle la réalité d'un jugement considérant l'« utilité au monde » comme un prérequis au droit de vivre ? Et ce « monde », est-il celui du roi, qui affirme ainsi son pouvoir sur ses sujets, ou celui d'une chrétienté qui ne considère plus que le criminel peut être racheté ?
Condamner à mort au Moyen Âge n'est pas un acte plus anodin qu'aujourd'hui. Il n'est pas non plus, semble-t-il, plus fréquent. Et si la condamnation est un outil d'affirmation du pouvoir royal, ce n'est pas par sa nature coercitive ou arbitraire, mais par l'encadrement des juges et la pratique de la grâce. C'est là l'autre pan d'un Moyen Âge rénové depuis plusieurs décennies que Claude Gauvard révèle, avec cette volonté d'approcher au plus près, par un examen minutieux et clairvoyant des sources, la cohérence d'une société médiévale qui nous est à la fois étrangère et pourtant fondatrice.Humanisme et politique en France à la fin du Moyen Âge
Humanisme et politique en France à la fin du Moyen Âge. Mélanges en l’honneur de Nicole Pons, Carla BOZZOLO, Claude GAUVARD et HÉLÈNE MILLET éd., Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018 (Histoire ancienne et médiévale – Collection du LaMOP).
Résumé
Les quatorze communications réunies ici, auxquelles s'ajoutent les témoignages de ses collègues et amis du CNRS à Villejuif, rendent hommage à l'apport scientifique de Nicole Pons sur le sujet qui a été au centre de toute sa carrière : le premier humanisme français. Elles montrent comment son œuvre peut servir de modèle. La quête exigeante des manuscrits fait sortir de l’ombre des intellectuels liés par l’amitié et ouverts sur les auteurs italiens. Ces hommes, parfois illustres mais souvent anonymes, sont aussi des polémistes, qui ont mené de grands combats. Ils ne se sont pas contentés de vouloir résoudre le Grand Schisme ou de réformer le royaume en proie aux guerres civiles du temps de Charles VI. Ils se sont engagés de toute leur force contre les Anglais, pour rétablir l’Union avec les Grecs, pour asseoir le pouvoir légitime de Charles VII, qu’il s’agisse de sa filiation ou de ses droits… Par un jeu de miroir qui les renvoie aux auteurs antiques et surtout à Cicéron, ils croient à la vertu de leur plume pour dire le Vrai et pour changer le monde. C’est dire la belle continuité de leur mission que les terribles massacres de 1418 n’ont pas interrompue, et que ce colloque sait rendre en décrivant le foisonnement de leur pensée du début du XIVe à la fin du XVe siècle. Un style et une démarche qui n’étaient pas pour déplaire à Nicole Pons.
Coopétition
Coopétition. Rivaliser, coopérer dans les sociétés du haut Moyen Âge (500-1100), Régine LE JAN, Geneviève BÜHRER-THIERRY, Stefano Gasparri éd., Turnhout, Brepols, 2018 (Haut Moyen Âge - HAMA 31).
Résumé
Ce livre est centré sur la « coopétition », un concept qui désigne la capacité des acteurs à rivaliser et à coopérer simultanément. Ce livre est centré sur la « coopétition », un concept qui désigne la capacité des acteurs à rivaliser et à coopérer simultanément. Certes, les sociétés du premier Moyen Âge sont des sociétés conflictuelles, qui développent souvent des formes de compétition agressive, mais le désir de paix est universel et la compétition ne détermine pas seulement un gagnant et un perdant. Les acteurs ont aussi eu intérêt à collaborer avec leurs rivaux, dans la perspective d’un gain réciproque (gagnant-gagnant) ou d’un profit futur, y compris dans l’au-delà. Pour comprendre les stratégies, le jeu qui se joue derrière les interactions compétitives et les bénéfices attendus, ce livre prend donc en compte les jeux d’échelle, les relations entre le centre et la périphérie, entre l’ici-bas et l’au-delà, mais aussi la capacité des autorités à développer le consensus et à susciter la confiance sans laquelle on ne peut prendre le risque de coopérer avec un rival. Il embrasse les différents espaces et le temps long, en se focalisant sur des périodes caractérisées par une alternance d’instabilité et de stabilité sur le plan politique. Il éclaire ainsi d’un jour nouveau le jeu de la compétition dans les sociétés du premier Moyen Âge.
La culture matérielle, un objet en question
La culture matérielle, un objet en question. Anthropologie, archéologie et histoire. Actes du colloque international de Caen (9 et 10 octobre 2015), Luc BOURGEOIS, Danièle ALEXANDRE-BIDON, Laurent FELLER, Perrine MANE, Catherine VERNA et Mickaël WILMART dir., Caen, Presses universitaires de Caen, 2018 (Publications du CRAHAM – Série antique et médiévale).
Résumé
Depuis près d’un siècle, la notion de culture matérielle a été utilisée pour aborder la part matérielle des cultures dans des perspectives successives : émanant d’une lecture marxiste née vers 1920, elle participe de l’intérêt porté à la matérialité médiévale et aux techniques par les historiens et les archéologues dans les années 1950-1980. Depuis lors, elle se développe principalement dans le cadre de Material Culture Studies ancrées dans le post-modernisme. Si l’expression « culture matérielle » demeure couramment utilisée, elle semble s’être banalisée et il convient de s’interroger sur sa pertinence actuelle dans le champ des sciences humaines.
Principalement centrées sur la période médiévale, les contributions rassemblées dans ce volume font dialoguer archéologues, anthropologues, historiens et géographes pour dresser l’historiographie de la notion de culture matérielle à l’échelle européenne et proposer une série d’études de cas illustrant la « vie des objets » à partir de sources et de terrains variés.Entre idéel et matériel
Entre idéel et matériel. Espace, territoire et légitimation du pouvoir (v. 1200-v. 1640) , Patrick BOUCHERON, Marco FOLIN et Jean-Philippe GENET éd., Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018 (Histoire ancienne et médiévale).
Résumé
L'espace est à la fois une réalité concrète, matérielle et mesurable, et une construction sociale et symbolique, ces deux aspects interagissant en permanence. L’Occident latin est certes en ce domaine l’héritier de Rome, mais les conceptions et les pratiques de l’espace ont été bouleversées par la chute de l’Empire et le développement de nouvelles structures politiques où les pouvoirs s’exercent sur les hommes plus que sur les territoires, une notion qui semble s’être temporairement effacée. Dans la perspective du programme SAS qui est celle d’une sémiologie de la naissance de l’état moderne, ce sont moins les signes dans l’espace que les signes de l’espace qui sont étudiés ici. On sait que l’espace est une production sociale et notre conception de l’espace comme surface homogène et mesurable n’est pas celle de la période médiévale et moderne, où l’on oscille sans cesse entre un espace polarisé autour des lieux de pouvoir et/ou des lieux sacrés et l’espace conçu comme territoire. Les communications sont regroupées en quatre thématiques : marqueurs symboliques de l’espace (palais communaux, espaces de pouvoirs, mausolées dynastiques), pouvoirs et symbolique de l’espace (identité civique des communes, contrôle de l’espace impérial, marquage de l’espace économique, retour du territoire), représentation symbolique de l’espace (cartes marines, portulans, vues figurées, usages de la géographie) et perception de la symbolique de l’espace (frontières, écrits administratifs, représentations de la cité).
Produire un fait scientifique
Julien DEMADE, Produire un fait scientifique. Beveridge et le comité international d'histoire des prix , Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018 (Homme et société).
Résumé
Ce livre est l'histoire d’une entreprise oubliée : le Comité international d’histoire des prix. Si l’objet est d’intérêt, c’est que les échecs tout autant que les réussites nous renseignent sur le fonctionnement social. C’est aussi que l’on retrouve, autour de cette enquête faillie, des noms eux fort célèbres, et que l’on ne s’attendrait pas à rencontrer dans ce contexte – de Beveridge à Kautsky, de Bloch à Malinowski. Mais c’est surtout que cet objet s’avère idéal pour dépasser les frontières qui séparent aussi bien les traditions scientifiques nationales que les disciplines – entre histoire et économie, entre sociologie des sciences et épistémologie ; et, ce faisant, cette étude permet d’aborder une question aussi vaste que s’est voulu restreint le propos initial. C’est en effet la production d’une classe particulière de faits, les faits considérés comme scientifiques, qu’il s’agit de comprendre, et ceci en tenant compte, parmi les forces à l’œuvre dans la détermination de cette production, des enjeux aussi bien épistémologiques que théoriques et institutionnels. Car, dans la transformation opérée d’un prix passé (tel qu’il apparaît dans les archives) en un prix historique considéré comme un fait scientifique, s’avèrent déterminantes des questions aussi diverses et cruciales que le statut respectif des sciences sociales et des sciences de la nature, le monétarisme, ou le passage du champ académique du savant humboldtien à l’ère de la big science. Questions qui, réciproquement, reçoivent de l’analyse de ce cas précis un éclairage dont l’intérêt tient au croisement de ces domaines le plus souvent considérés isolément, croisement que précisément permet ce cas d’espèce.
Genèse des espaces politiques (IXe-XIIe siècle)
Genèse des espaces politiques (IXe-XIIe siècle). Autour de la question spatiale dans les royaumes francs et post-carolingiens, Geneviève BÜHRER-THIERRY, Steffen PATZOLD et Jens SCHNEIDER éd., Turnhout, Brepols, 2018 Haut Moyen Âge (HAMA 28).
Résumé
Une histoire comparée de la construction des territoires politiques en France et en Germanie aux IXe-XIIe siècles. Depuis le XIXe siècle, les historiens français et allemands racontent une histoire fondamentalement différente de la transition entre le monde carolingien et les Xe-XIIe siècles : pour les premiers, l’apparition de principautés « territoriales » dans le monde post-carolingien est avant toute chose le signe de la désagrégation des institutions carolingiennes et représente une mutation fondamentale dans l’organisation des pouvoirs. Pour les seconds, il n’y a pas de véritable solution de continuité dans un système où le pouvoir a toujours reposé non sur la domination d’un territoire mais sur l’importance des liens interpersonnels entre le roi et l’aristocratie, et cela dès l’époque carolingienne. Le but de cet ouvrage est de montrer comment l’importance dévolue au caractère territorial du pouvoir – largement remis en question par la recherche actuelle – a influé sur la manière dont on raconte l’histoire de l’empire carolingien et des royaumes post-carolingiens à l’Est et à l’Ouest du Rhin, grâce à plusieurs mises au point historiographiques et à de nombreuses études de cas.
De l’(id)entité textuelle
De l’(id)entité textuelle au cours du Moyen Âge tardif - XIIIe-XVe siècle , Barbara FLEITH, Réjane GAY-CANTON, Géraldine VEYSSEYRE dir., Audrey SULPICE-PICARD et Aude MAIREY collab., Paris, Classiques Garnier, 2018 (Rencontres, - Civilisation médiévale, 304).
Résumé
L’ouvrage interroge la perception usuelle de la littérature médiévale comme un ensemble d’entités textuelles singulières. Il sonde notamment le cas de textes largement diffusés, dont la tradition manuscrite témoigne de transformations notables confinant à la création d’œuvres nouvelles.
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2017
Diocèse de Toul
Diocèse de Toul, P. PÉGEOT, M. BOUYER dir., Fasti Ecclesiae Gallicanae (FEG 17), Turnhout, Brepols 2017).
Résumé
Les Fasti Ecclesiae Gallicanae présentent, pour chaque diocèse de France entre 1200 et 1500 :
- des notices biographiques des évêques, auxiliaires de l’évêque, dignitaires et chanoines prébendés du chapitre cathédral,
- des tables chronologiques pour les évêques, leurs auxiliaires, les dignitaires et les chanoines du chapitre cathédral,
- une présentation des institutions diocésaines et des sources, avec une bibliographie,
- des notices faisant le point sur les aspects particuliers de chaque diocèse. Les notices offertes par le présent volume proposent comme d’habitude celles des évêques ayant occupé le siège de Toul.
Plus de sept cents notices concernent les auxiliaires de l’évêque, les dignitaires et les chanoines du chapitre cathédral. Les sources relativement pauvres n’ont pas permis d’étudier le quartier cathédral, mais le volume donne une notice détaillée sur la cathédrale.
Les Fasti Ecclesiae Gallicanae, ce sont aussi des chercheurs, débutants ou confirmés, rassemblés dans une équipe qui se réunit une fois par an, sur un programme financé par le CNRS, ainsi qu’une base de données réunissant actuellement près de 18 000 hommes d’Église, enrichie chaque jour, qui doit être mise en ligne et diffusée sur le site Brepolis de Brepols Publishers.Les réemplois en architecture
« Atelier doctoral : les réemplois en architecture, entre Antiquité et Moyen Âge », dir. Philippe BERNARDI, Hélène DESSALES, Philippe DILLMANN, Daniela ESPOSITO, Mélanges de l’école française de Rome. Varia, 129-1 (2017). Texte en ligne.
Résumé
« C’est un work in progress, Rome, un bric-à-brac somptueux de matériaux urbains en instance d’assemblage ou de réemploi » 1. Ces mots de Julien Gracq pourraient, à eux seuls, justifier le choix fait de tenir une école d’été sur le réemploi à Rome, ville paradigmatique en la matière. Mais ce choix nous a également paru s’imposer en raison des nombreuses études dont les spolia de cette cité ont, depuis Leon Battista Alberti au moins, fait l’objet et des travaux que nous avons engagés sur ce thème voilà plusieurs années avec nos collègues de l’Université de la «Sapienza», en lien avec l’École française de Rome. Nous avons cherché, au cours de cette semaine, à proposer des outils d’appréhension d’un phénomène par la confrontation avec des approches aussi diverses que possibles tant par l’objet envisagé, que par la période concernée ou la méthode adoptée [extrait de l’introduction de Philippe BERNARDI, intitulée «Les réemplois en architecture, entre Antiquité et Moyen Âge : introduction à l’école d’été (Rome, 19-23 septembre 2016)».
La Guerre de cent ans
Aude MAIREY, La Guerre de cent ans, Paris, Presses universitaires de Vincennes, 2017 (Libre cours).
Résumé
Le Brexit, voté le 24 juin 2016, rappelle avec fracas l’existence d’une méfiance continue des Anglais face à l’Europe continentale en général et à la France en particulier, malgré des liens étroits depuis l’Antiquité. La guerre de Cent ans est un des épisodes les plus spectaculaires de ces rivalités et même si la pertinence de cette expression est de plus en plus contestée, elle reste profondément ancrée dans notre imaginaire contemporain. Sans prétendre à l’exhaustivité, cet ouvrage entend établir une véritable histoire comparée des deux royaumes sur quelques thématiques fondamentales, notamment la question de la « modernité » de la guerre à la fin du Moyen Âge, le développement des États monarchiques, la naissance d’un sentiment « national », ou encore les interactions de la guerre avec des transformations socio-économiques et culturelles majeures.
Ædificare
Philippe BERNARDI, Alberto BOLOGNA, Robert CARVAIS et al. ., Ædificare. - Revue internationale d’histoire de la construction, 2017-1, n° 1, Paris, éditons Classiques Garnier (Collection dirigée par Philippe BERNARDI, Robert CARVAIS et Valérie NÈGR)
Résumé
Ædificare. Revue internationale d’histoire de la construction est éditée grâce aux soutiens du Ministère de la Culture et de la Communication ainsi que de l’Association francophone d’histoire de la construction. C’est une revue semestrielle, interdisciplinaire et multilingue qui applique le processus d’évaluation par les pairs. Elle ménage un nouvel espace dédié à l’histoire de la construction, un champ de recherche qui s’épanouit à l’international depuis les années 2000, et qui se développe régulièrement dans chaque aire géographique et/ou linguistique en Europe et Outre-Atlantique. Elle permet également de publier des recherches de pointe en cours d’élaboration. Nous sommes favorables à la diffusion des travaux des jeunes doctorants ou post-doc qui constituent l’avenir dynamique de nos interrogations, comme au débat avec la communauté scientifique, de façon interdisciplinaire et dans les principales langues européennes (allemand, anglais, espagnol, français, italien et portugais), des nouvelles tendances (ou orientations), des projets de recherche et des expérimentations.
Une histoire de France
Une histoire de France, Claude GAUVARD éd.,Paris, Presses universitaires de France, 2017 (Quadrige. Histoire de l'Art).
Résumé
En 2013 était lancée la ligne des « Histoires personnelles de France » avec l’ouvrage de Bruno Dumézil, Des Gaulois aux Carolingiens. L’ambition affichée est alors de donner carte blanche à un panel de spécialistes, un par période, pour constituer une histoire de France non seulement la plus juste scientifiquement, mais aussi la plus abordable. Les sept volumes de la collection ont été ici réunis, formant un récit vivant et d’une cohérence impeccable. De cette continuité entre les récits de chacun ressort clairement qu’il n’existe qu’une histoire de France, complexe et articulée, faite de mouvements plutôt que de moments, dont les contours sont connus et admis ; seuls les angles d’approche varient, et c’est dans cette subjectivité que réside la force de l’ensemble coordonné par Claude Gauvard.
Pouvoir politique et conversion religieuse
Pouvoir politique et conversion religieuse. 1. Normes et mots, Thomas LIENHARD et Isabelle POUTRIN dir. Nouvelle édition [en ligne]. Rome : Publications de l’École française de Rome, 2017 (généré le 19 septembre 2017). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/efr/3400>.
Résumé
Le manuscrit ci-joint constitue les actes du colloque sur « Les mots et normes de la conversion » organisé à Rome du 22 au 24 janvier 2015 par Isabelle Poutrin et Thomas Lienhard avec le soutien de l’École française de Rome. Le cadre de cette rencontre était le programme ANR « POCRAM. Pouvoir politique et conversion religieuse (Antiquité – période moderne) », dont la rencontre de Rome a constitué le premier volet. L’objectif de ce programme consiste à envisager les conversions non pas sous l’angle du cheminement psychologique individuel, comme le font généralement les sociologues de la conversion, mais en inscrivant ce phénomène dans un cadre social : conceptualisation médiatique des conversions, affichage public du changement de religion, intervention du législateur, conséquences sociales pour le converti. Dans cette optique, une première approche consacrée aux mots qui définissent la conversion, ainsi qu’aux normes qui pèsent sur elle, semblait nécessaire. Les textes rassemblés ci-joint abordent cette question dans une aire culturelle très vaste, qui inclut les pays d’Islam, les communautés juives et les chrétientés (y compris les rapports entre ces dernières et leurs voisins païens), sur une période allant du IIIe au début du XVIIIe siècle : c’est donc un ensemble qui allie une approche comparatiste et le temps long. Ce cadre a permis de faire apparaître de nombreuses convergences, telles que les pressions sociales exercées par les religions dominantes pour imposer ou, au contraire, interdire la conversion ; la précision croissante des concepts, du vocabulaire et de l’appareil juridique qui concernent les conversions ; la difficulté, enfin, à définir le statut des convertis. Apparaît ainsi la diversité (mais aussi le caractère récurrent) des relations qu’ont entretenues les appartenances religieuses d’une part, les structures de domination d’autre part.
Crime, châtiment et grâce dans les monastères au Moyen Âge
Élisabeth LUSSET, Crime, châtiment et grâce dans les monastères au Moyen Âge (XIIe-XVe siècle), Turnhout, Brepols, 2017 (Disciplina Monastica, 12).
Résumé
Ce livre analyse les crimes commis à l’intérieur des monastères médiévaux (violences, homicides ou encore vols) et la manière dont les religieux criminels étaient corrigés tant par les abbés, les évêques, les chapitres généraux des ordres religieux que par les organes de la curie romaine. Il compare, à l’échelle de l’Europe, les établissements de moines, chanoines réguliers et moniales, qu’ils appartiennent à un ordre (Cluny, Cîteaux, Prémontré, Grande Chartreuse) ou à une nébuleuse moins définie sur le plan juridique (abbayes et prieurés de moines bénédictins ou de chanoines réguliers). En explorant le fonctionnement de la justice claustrale, les peines prescrites ainsi que les mécanismes de réconciliation des criminels, l’ouvrage éclaire sous un angle nouveau les processus de construction institutionnelle et de réforme des ordres religieux entre les XIIe et XVe siècles.
Consensus et représentation
Consensus et représentation. Actes du colloque organisé en 2013 à Dijon par SAS avec la collaboration du centre Georges-Chevrier de l’université de Dijon, Jean-Philippe GENET, Dominique LE PAGE, Olivier MATTÉONI dir., Paris, Publications de la Sorbonne et École française de Rome, 2017 (Histoire ancienne et médiévale _ 147 ; Collection de l’École française de Rome _ 485/11 ; Le pouvoir symbolique en Occident (1300-1640) _ XI _ Série dirigée par Jean-Philippe Genet.
Résumé
Consensus et représentation en Europe occidentale propose d'aborder le problème bien connu des institutions représentatives dans l’Europe médiévale et moderne, mais dans une perspective nouvelle, celle du projet Signs and States qui vise à explorer à partir de leurs traces dans le système de communication les éléments du dialogue entre les instances du pouvoir et les membres de la société politique. Dans la mesure où ce qui singularise l’État moderne est qu’il puise sa légitimation dans le consentement de la société politique a ses actions, et notamment à la levée de l’impôt, l’une des caractéristiques de ce type d’État a précisément été le développement d’institutions d’un genre nouveau, « états » et parlements qui s’affirment selon des rythmes et des modalités à partir du XIIIe siècle dans différentes régions. Mais le consentement ritualisé qui s’affiche à travers la représentation institutionnelle des groupes sociaux n’est pas un véritable consensus, engageant en profondeur les diverses composantes de la société politique, qui ont d’ailleurs un accès très variable à ces institutions, de larges pans de la société politique n’étant pas représentés bien que soumis à l’impôt. Derrière le consensus affiché, se profile un vaste espace de négociations et d’ajustement, tandis que le dissensus se manifeste souvent violemment par la révolte : l’âge du développement des institutions représentatives est aussi, dans un paradoxe qui n’est qu’apparent, celui pendant lequel la révolte devient un élément quasi permanent et structurel du « dialogue » politique. Après une présentation générale, l’ouvrage comporte des études de cas concernant des pays et des régions divers (France, Angleterre, péninsule ibérique, Italie, Empire, Pays-Bas, Scandinavie, Pologne, Russie) et s’échelonnant du haut Moyen Âge russe au XVIIIe siècle anglais.
L'Enquête générale de Leopardo da Foligno
L'Enquête générale de Leopardo da Foligno dans le comté de Forcalquier (juin-septembre 1332), Thierry PÉCOUT, dir. ; Philippe BERNARDI, Jean-Luc BONNAUD, Marco CASSIOLI, Anne MAILLOUX, Élisabeth SAUZE, Joachim STEPHAN, Valérie THEIS éd., Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2017 (Collection de documents inédits sur l'histoire de France. Section d'histoire et de philologie des civilisations médiévales _ Série in-8° - vol. 74 _).
Résumé
Cette enquête se présente sous la forme de vingt-quatre volumes manuscrits rédigés entièrement en latin, dont certains avec leurs copies, conservés aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône pour la quasi-totalité et à celles des Alpes-Maritimes pour l’un d’entre eux. Source manuscrite exceptionnelle, l’enquête administrative et domaniale conduite en Provence par l’archiprêtre de Bénévent Leopardo da Foligno, pour son maître le roi de Sicile Robert d’Anjou, entre 1331 et 1334, a lieu à l’époque où royaumes de Sicile et de Provence formaient un seul ensemble politique. L’enquête de Leopardo da Foligno n’a d’autre équivalent, dans l’Occident du XIVe siècle, que les grandes enquêtes pontificales menées en 1338 et 1373 à propos de l’ordre militaire des Hospitaliers.
Noblesse, parenté et reproduction sociale
Noblesse, parenté et reproduction sociale à la fin du Moyen Âge, Joseph MORSEL, Paris, Picard, 2017 (Les Médiévistes français).
Résumé
L’ouvrage est organisé en deux parties : la première concerne essentiellement la question de la sociogenèse (production sociale) de la « maison » noble, c’est-à-dire la reproduction de l’enracinement seigneurial du groupe nobiliaire, par des pratiques anthroponymiques, symboliques, langagières et juridiques (matrimoniales et successorales) qui inscrivent cette catégorie, la « maison », dans un univers de référence. La seconde partie traite de la question de la reproduction de la cohésion du groupe nobiliaire, c’est-à-dire de la manière dont, notamment par les femmes, sont articulées entre elles les « maisons ». L’auteur examine d’abord la manière dont se transforme le mode de représentation (anthroponymique, héraldique et sigillographique) des femmes mariées avant de replacer celui-ci dans l’ensemble des transformations qui touchent les discours parentaux, notamment l’élaboration d’un discours sur le mariage (et non pas la naissance, contrairement à nos représentations)comme le mode d’appartenance au groupe nobiliaire.
Acquérir, prélever, contrôler
Acquérir, prélever, contrôler. Les ressources en compétition (400-1100), Vito LORÉ, Geneviève BÜRHRER-THIERRY et Régine LE JAN dir., Turnhout, Brepols, 2017 (HAMA 25).
Résumé
Les ressources matérielles sont un élément de première importance de la compétition au Haut Moyen Âge, en étant l’arrière-plan, souvent le moyen, parfois l’enjeu de la compétition elle-même. D'une part, la compétition conduit ou souvent impose de mobiliser des ressources, d’autre part, ses formes sont affectées par la disponibilité ou la rareté des ressources. Elles sont donc un point d’observation privilégié pour comprendre les systèmes de valeurs et les règles, souvent implicites, qui président alors aux actions des élites. Ce volume est le résultat du troisième colloque organisé à Rome par le groupe international de recherches sur la compétition dans les sociétés médiévales (400-1000). En croisant des perspectives qui tiennent de l’anthropologie et de certaines lignes de l’histoire économique, ce livre prend en considération les formes du rapport entre compétition et ressources dans une grande variété de milieux sociaux et institutionnels de l’Europe occidentale du haut Moyen Âge, de la famille aux élites politiques et religieuses, aux sociétés rurales, aux communautés artisanes et marchandes.
Enfermements III
Enfermements III. Le genre enfermé. Hommes et femmes en milieux clos (XIIIe-XXe), Isabelle HEULLANT-DONAT, Julie CLAUSTRE, Élisabeth LUSSET et Falk BRETSCHNEIDER éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 2017 (Homme et société).
Résumé
Pourquoi conçoit-on des lieux fermés pour les hommes et d'autres pour les femmes ? En quoi les discours autour du genre ont-ils influencé l’émergence et la perpétuation de dispositifs de clôture pour affirmer les différences sociales entre hommes et femmes ? Quelles formes prennent les rapports entre les sexes dans les milieux clos ? Associant des approches historiques et sociologiques, cet ouvrage explore les interactions entre les différentes formes d’enfermements et le genre, ce qui induit une réflexion sur le féminin, sur le masculin et sur leurs interrelations dans les conditions créées par une séparation plus ou moins rigoureuse du monde. Les études de cas rassemblées dans ce volume entendent comprendre tant les effets que la clôture a produits et produit sur les conceptions du genre que, à l’inverse, les effets que le genre a produits et produit sur la clôture. Les rapports qu’entretiennent genre et enfermement sont envisagés sur la longue durée de l’histoire européenne, depuis les monastères médiévaux et les hôpitaux d'Ancien Régime jusqu’aux institutions pénitentiaires, bagnes et camps contemporains. L’ouvrage montre également leur résonance dans des territoires coloniaux d’Amérique et dans le monde chrétien de la Méditerranée orientale. Il révèle ainsi que les lieux clos sont des lieux matriciels où se sont élaborés et s'élaborent des pratiques, des techniques et des savoirs autour du féminin et du masculin.
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2016
Valeurs et systèmes de valeurs
Valeurs et systèmes de valeurs (Moyen Âge et Temps modernes), Patrick BOUCHERON, Laura GAFFURI, Jean-Philippe GENET éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 2016.
Résumé
Signs and States, programme financé par l'ERC (European Research Council), a pour but d’explorer la sémiologie de l’État du XIIIe siècle au milieu du XVIIe siècle. Textes, performances, images, liturgies, sons et musiques, architectures, structures spatiales, tout ce qui contribue à la communication des sociétés politiques, tout ce qu’exprime l’idéel des individus et leur imaginaire, est ici passé au crible dans trois séries de rencontres dont les actes ont été rassemblés dans une collection, Le pouvoir symbolique en Occident (1300-1640).
Ces volumes, adoptant une perspective pluridisciplinaire et comparative dans une visée de long terme, combinent études de cas, analyses conceptuelles et réflexions plus théoriques. Et les réponses à ce questionnaire, issu d’une réflexion sur une histoire culturelle poursuivie sur plus de cinq siècles, remettent en cause une histoire de l’Occident latin où l’on opposerait Église et État : la mutation culturelle engendrée par la réforme grégorienne qui, tout en assurant d’abord le triomphe de la papauté, a donné à l’État moderne les moyens d’assurer sa propre légitimité en créant les conditions d’une révolution du système de communication. Elle engendre un partage du pouvoir symbolique et des processus de légitimation avec l’État : la capacité de ce dernier à se légitimer par le consentement de la société politique en dehors de la contingence religieuse est une spécificité de l’Occident latin, clé de l’essor des États modernes européens.La fabrique de l'océan Indien
La fabrique de l'océan Indien. Cartes d'Orient et d'Occident (Antiquité-XVIe siècle), Emmanuelle VAGNON et Éric VALLET éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 2016 (Histoire ancienne et médiévale).
Résumé
Richement illustré, cet ouvrage invite à un voyage à travers plus de vingt siècles de cartographie, où l'on découvre comment l’océan Indien a été imaginé et représenté, en Orient et en Occident, depuis les premières cartes babyloniennes jusqu’aux planisphères de la fin du XVIe siècle. Il ne se contente pas de décrire l’émergence d’une cartographie moderne à partir des navigations européennes du XVIe siècle ; il considère aussi les savoirs issus des grandes aires de l’Ancien monde, de l’Extrême-Orient à l’Europe, en passant par les mondes de l’Islam, pour croiser les regards et explorer les approches communes qui, au-delà des distances géographiques et culturelles, ont façonné une image progressivement unifiée de cet espace. Par l’observation des tracés, des noms et des illustrations figurant sur de nombreux documents – mappemondes, schémas, cartes régionales, globes et planisphères – construits à plusieurs échelles, le lecteur est ainsi convié à parcourir et découvrir les multiples représentations d’un vaste espace maritime commun à plusieurs cultures.
Quoi de neuf au Moyen Âge ?
Quoi de neuf au Moyen Âge ?, catalogue de l’exposition de La Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette , I. CATTEDDU et H. NOIZET dir., Paris, Éditions de La Martinière / Universcience, 2016.
Résumé
Lever le voile sur ce long millénaire et battre en brèche les préjugés tenaces qui lui sont accolés, telle est l’ambition de ce livre soigneusement illustré, qui croise les regards d’archéologues et d’historiens. Il dépasse les bornes chronologiques et géographiques habituelles, multiplie les échelles d’observation et les prismes de lecture. S’appuyant sur une documentation renouvelée, issue à la fois des archives du sol et des écrits, cet ouvrage met au jour la vie quotidienne dans les campagnes, l’urbanisation progressive, l’art de la construction, les techniques, les savoirs scientifiques, la relation à la mort… Il évoque aussi les multiples inventions qui ont ponctué les temps médiévaux en matière d’architecture, d’horlogerie et de mécanique, de chirurgie, de cartographie et de navigation maritime. Le monde médiéval européen est ainsi replacé dans un contexte plus large, articulé à d’autres fronts commerciaux qui prennent leur essor au même moment en Orient et en Afrique. En contrepoint, la parole est donnée à plusieurs de nos contemporains (un artiste plasticien, un agriculteur, un musicien…) qui puisent dans la vie et la société médiévales une inspiration, des références ou une orientation pour leur métier. Autant de traces qui révèlent les richesses d’un Moyen Âge dynamique et vivant, familier et caché, suscitant autant de rejet que de fascination.
Il tesoro di un povero
Il tesoro di un povero. Il Memoriale di Francesco Bentaccordi, fiorentino in Provenza (1400 ca), S. BRAMBILLA et J. HAYEZ dir., Rome, Viella, 2016 (Scritture e libri del medioevo, 16).
Résumé
Francesco Bentaccordi, un oscuro fiorentino già portiere di un cardinale, morì nel 1425 nell’ospedale dei poveri di Carpentras, dopo un soggiorno provenzale di trent’anni ; aveva perso tutto ma conservava ancora, racchiuso nel codice qui edito, un tesoro prezioso. Questo “libro-biblioteca” scritto in mercantesca comprende, oltre a una pratica di mercatura, un centinaio di ricette (di vita quotidiana, mediche, magiche, metallurgiche e artistiche), problemi matematici e tavole di conto, descrizioni monetarie, ricordanze private, un itinerario transalpino, disegni di animali esotici e fantastici e qualche testo devozionale e letterario, tra cui spiccano opere di Dante e Petrarca. La collaborazione di specialisti di questi vari “saperi” ha consentito di commentare il testo nella sua molteplice dimensione, per gettare luce sul sincretismo della cultura medievale, in particolare nelle sue forme tecniche e popolari.
Expertise et valeur des choses au Moyen Âge. II
Expertise et valeur des choses au Moyen Âge (2). Savoirs, écritures, pratiques , L. FELLER et A. RODRIGUEZ éd., , Madrid, Casa de Velazquez, 2016 (Collection de la Casa de Velazquez, 156)
Résumé
Ce volume, issu d’une réflexion collective menée par une équipe scientifique principalement franco-espagnole, est consacré à la question des savoirs experts et des techniques de l’expertise en matière économique au Moyen Âge. Les promoteurs ont privilégié deux approches, sociale et institutionnelle d’une part, culturelle et technique de l’autre. Certains personnages sont détenteurs d’un savoir particulier qui les met en situation de pouvoir dire ce que valent les choses. Tous ont une histoire : ils appartiennent à des institutions, ont des expériences professionnelles et des parcours qui construisent et consolident les compétences et les savoir-faire qui fondent leur expertise. Ils laissent des traces écrites, souvent difficiles à retrouver mais entretiennent toutefois avec l’écriture un rapport constant. Les apports de leur enquête doivent en effet être formalisés et ils trouvent leur place dans des textes souvent élaborés. Les experts effectuent un travail technique qui suppose à la fois des gestes et des procédures qui permettent d’estimer et de mesurer ainsi qu’une inscription dans un document qui rende compte et fasse preuve.
Les lettres d’un paysan
Les lettres d’un paysan, par Louis Boussenard (1847-1910), Orléans, F. JEJCIC et M. MERLIN éd., Corsaire Éditions, 2016.
Résumé
Avant de devenir l’auteur connu de romans d’aventures, Louis Boussenard (1847-1910) exerce l’activité de journaliste. Son premier article retrouvé figure dans L’Indépendant de Pithiviers, en août 1871, dans lequel il décrit les soins qu’il avait apportés, comme médecin auxiliaire aide major, l’année précédente, aux tirailleurs algériens, lors de la bataille de Wissembourg, au début du conflit de 1870. On ne le retrouve ensuite qu’en 1875, peut être dans l’intervalle publie-t-il des articles non signés. De 1875 à 1880, il donne des articles, en particulier au supplément littéraire du dimanche du Figaro, au Petit Parisien et à La Justice. Il abandonne cette activité, après son voyage d’exploration en Guyane (août 1880 janvier 1881), qu’il effectue pour le Journal des Voyages ; il ne se consacre ensuite qu’à l’écriture de ses romans qu’il publie tout d’abord en feuilletons dans cet hebdomadaire, avant de les faire paraitre en volumes. Cependant, il revient au journalisme pendant les dernières années de sa vie, de 1902 à 1910, en donnant une chronique intitulée «Lettre d’un Paysan », au Gâtinais, l’hebdomadaire radical de Montargis (Loiret), (édition de Pithiviers). Rédigée sous le pseudonyme provocateur de François Devine, dans le parler qu’il entendit, encore enfant, à Escrennes, il donne libre cours à des textes virulents, aussi bien vis-à-vis de ses ennemis politiques que du clergé. Un certain nombre de ses Lettres sont publiées dans ce volume, elles sont précédées de l’étude de la langue utilisée par Boussenard. Cet ouvrage, en dehors des textes en patois, a été composé conformément à la réforme de l’orthographe de 1990.
Navires et construction navale
Navires et construction navale au Moyen Âge. Archéologie nautique de la Baltique à la Méditerranée, É. RIETH, Paris, Picard, 2016.
Résumé
L’objet de ce livre est de proposer une lecture archéologique de l’histoire de l’architecture navale maritime médiévale. S’agissant d’archéologie, ce sont les épaves qui en constituent les sources primaires, mais pas seulement, car les autres sources historiques, écrites principalement, ainsi que les sources ethnographiques, le sont également. Dans cet ouvrage, les bateaux médiévaux ont été envisagés dans le but de restituer les savoirs et les savoir-faire, les gestes et les pratiques techniques, le « penser » et le « faire », et de retrouver les charpentiers de bateaux du Moyen Âge et leur culture technique dans toute leur diversité. Les limites chronologiques sont comprises entre la fin du Ve siècle et la fin du XVe siècle. Elles correspondent à deux moments historiques forts de transition des techniques de construction navale en Méditerranée et en Atlantique. Les limites géographiques se situent à l’échelle large de l’Europe du nord et du sud c’est-à-dire aux espaces nautiques maritimes de l’Atlantique à la Baltique ainsi qu’à ceux du bassin occidental et oriental de la Méditerranée. Chaque fois que possible, une ouverture sur les techniques de construction navale et les navires médiévaux propres au littoral aquitain, breton, normand, catalan ou provençal a été effectuée. Chacun des chapitres se rapportant à une tradition architecturale déterminée est décliné sous des approches différentes en fonction des sources archéologiques les plus récentes et des problématiques historiques les plus actuelles, mais aussi en fonction du choix de rendre compte de l’état des recherches sous la forme d’une synthèse totalement absente de la bibliographie française et étrangère.
Contre-champs. Études offertes à Jean-Philippe Genet
Contre-champs. Études offertes à Jean-Philippe Genet par ses élèves, A. MAIREY, S. ABÉLÈS et F. MADELINE dir., Paris, Classiques Garnier, 2016 (POLEN - Pouvoirs, lettres, normes, 4).
Résumé
Du pays de Galles à la Bohême, de la prosopographie à la codicologie et aux usages des sciences sociales, les contributions de ce volume en l’honneur de Jean-Philippe Genet témoignent des multiples intérêts de ce dernier, mais aussi de la richesse de ses enseignements.
Charpentes méridionales
É. BOUTICOURT, Charpentes méridionales. Construire autrement : le midi rhodanien à la fin du Moyen Âge, Arles, Honoré Clair, 2016.
Résumé
Charpentes méridionales est le premier ouvrage de référence consacré aux charpentes de Provence et du Languedoc. Il pose les jalons de la reconnaissance d’un patrimoine méconnu. Menée à partir d’un inventaire de 135 structures, l’étude renouvelle en profondeur la perception de l’architecture médiévale de la région, dont le bois constitue une ressource incontournable. L’auteur s’attache ainsi à démontrer que la rareté et le coût élevé de ce matériau n’ont pas été une contrainte pour les bâtisseurs mais bien une opportunité pour construire autrement. Mais l’histoire des charpentes du Midi rhodanien ne se limite pas à une histoire des techniques : l’ouvrage ancre ce savoir-faire remarquable dans un territoire, reflet des données écologiques, organisationnelles et économiques d’une société.
Le Moyen Âge dans le texte
Le Moyen Âge dans le texte. Cinq ans d’histoire textuelle au LAMOP , B. GRÉVIN et A. MAIREY éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 2016.
Résumé
Le Moyen Âge dans le texte explore différentes facettes de la « nouvelle histoire textuelle » qui s’est imposée en histoire médiévale ces trente dernières années. Le livre reflète un cycle d’ateliers où se sont confrontés pendant cinq ans des chercheurs issus du Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (LaMOP), de France et de l’étranger, de l’Angleterre au Japon, dans une approche interdisciplinaire mettant en contact historiens, spécialistes de la littérature, linguistes et philologues. La nouvelle histoire textuelle a révolutionné le champ de l’histoire médiévale en interrogeant toutes les dimensions de la source-texte, conçue non plus comme une évidence, mais comme le terrain d’une enquête, quantitative et qualitative, devant sans cesse être renouvelée. Comment articuler les connaissances auxiliaires nécessaires à l’exploration historique du texte ? Quels jeux d’échelles adopter, et quelle philosophie de rapport à la source ? Comment replacer les textes dans leurs sociétés de création ? Cinq angles d’attaque sont présentés, permettant de réfléchir à ces problèmes : les enjeux de l’histoire des collections textuelles ; les jeux de code-switching et d’oscillation linguistique ; la Bible en tant qu’objet d’histoire textuelle ; l’absence du texte comme défi à la recherche ; enfin, les différentes approches européennes du concept d’écriture pragmatique.
La cathédrale Notre-Dame et l’Hôtel de Ville
La cathédrale Notre-Dame et l’Hôtel de Ville. Incarner Paris du Moyen Âge à nos jours. I, BACKOUCHE, B. BOVE, R. DESCIMON et C. GAUVARD, Paris, Publications de la Sorbonne, 2016.
Résumé
Le livre embrasse dans une même réflexion l’Hôtel de Ville de Paris et la cathédrale Notre-Dame. Il aborde sur la longue durée les relations entre les deux bâtiments qui incarnent, chacun à leur manière, la ville de Paris, la communauté des Parisiens et la capitale française. Ces deux hauts lieux parisiens – devenus aujourd’hui des monuments porteurs de valeurs esthétiques et historiques – sont voisins, séparés seulement par la Seine, et ils ont symbolisé, selon les époques, les pouvoirs parisiens, les sociabilités parisiennes et l’identité forte d’une capitale dans un État centralisé. À partir de la problématique urbaine, redoublée ici par le rôle de capitale de Paris, le livre articule les transformations spatiales et les évolutions sociales affectant toutes les catégories de Parisiens. Sont abordés l’histoire de l’architecture des deux bâtiments, le rôle des deux sites dans l’aménagement de l’espace parisien, l’affirmation des pouvoirs qui y siègent et les modalités de leur cohabitation, l’apport de l’iconographie et d’une lecture symbolique, les sociabilités parisiennes nouées autour des deux bâtiments et les micro-sociétés politiques qu’ils abritent, l’interférence du pouvoir central (monarchique, impérial ou républicain) avec les institutions abritées par les deux bâtiments, enfin, les moments de cristallisation de l’histoire parisienne ou nationale autour de ces deux bâtiments et leur capacité à incarner l’identité parisienne, notamment dans la littérature et le cinéma. Ces préoccupations ont déterminé l’organisation du livre en quatre parties : partant d’une présentation des deux bâtiments dans l’histoire de la ville, il aborde ensuite la question des pouvoirs qu’ils abritent et des ressources qu’ils procurent aux Parisiens. Enfin, les usages symboliques sont envisagés, rappelant le rôle d’emblème de la nation que joue Paris.
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2015
Classer, dire, compter
Classer, dire, compter. Discipline du chiffre et fabrique d’une norme comptable à la fin du Moyen Âge, O. MATTÉONI et P. BECK dir., Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France / IGPDE, 2015.
Résumé
L’importance des archives comptables médiévales n’est plus à démontrer. Elles ont nourri nombre d’études d’histoire sociale, économique ou institutionnelle. En revanche, l’élaboration des comptes en tant que documents n’a pas donné lieu à une enquête d’ensemble. L’ambition de ce livre, qui rassemble les actes du colloque qui s’est tenu aux Archives nationales et à la Cour des comptes les 10 et 11 octobre 2012 et qui clôturait un cycle de recherche de plusieurs années, était de faire le point sur la question de la fabrique de la norme comptable à la fin du Moyen Âge. Plus précisément, en s’attachant à l’analyse des supports, du format, de l’organisation des comptes, et, au sein de ces derniers, de l’articulation des parties du discours entre elles, ou encore aux savoir-faire mathématiques des agents teneurs de comptes, le livre entend proposer une réflexion sur les enjeux de l’usage de l’écrit comptable par les institutions médiévales, tant laïques qu’ecclésiastiques, à l’échelle européenne.
À partir de cette variété institutionnelle, plusieurs questions irriguent les contributions ici rassemblées. Y a-t-il des normes communes pour tenir les comptes ? Sont-elles partout appliquées ? Comment évoluent-elles et comment en contrôle-t-on l’application ? Quelles sont les manières d’identifier, de classer et de compter qui sont utilisées pour gérer le temps, les biens, les personnes ? Organisé en trois grandes parties, qui s’intéressent successivement aux formes et à l’ordonnancement des comptabilités, aux savoirs comptables, à l’ordre du discours, et que prolonge une comparaison avec d’autres périodes et d’autres espaces, le livre se clôt sur la réflexion de praticiens qui replacent la question de la normalisation comptable dans la longue durée, jusqu’à aujourd’hui. Par ses apports et les différents points de vue qu’il croise, cet ouvrage permet de mieux comprendre les transformations cognitives et matérielles qui ont façonné les pratiques de gestion, d’administration et, au-delà, de gouvernement, à la fin du Moyen Âge.L’Écriture de l’histoire au Moyen Âge
L’Écriture de l’histoire au Moyen Âge - Contraintes génériques, contraintes documentaires, É. ANHEIM, P. CHASTANG, F. MORA-LEBRUN et A. ROCHEBOUET dir., Paris, Classiques Garnier, 2015.
Résumé
Dans une perspective interdisciplinaire, ce livre interroge la pratique de l’écriture de l’histoire au Moyen Âge entre les contraintes génériques imposées par le travail d’écriture et de réécriture et le recours à des réalités documentaires, indispensables à la dimension référentielle du discours.
La vérité
La vérité. Vérité et crédibilité : construire la vérité dans le système de communication de l’Occident (XIIIe-XVIIe siècle), J.-P. GENET éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 2015 (Histoire ancienne et médiévale, 128).
Résumé
Signs and States, programme financé par l’ERC (European Research Council), a pour but d’explorer la sémiologie de l’État du XIIIe siècle au milieu du XVIIe siècle. Textes, performances, images, liturgies, sons et musiques, architectures, structures spatiales, tout ce qui contribue à la communication des sociétés politiques, tout ce qu’exprime l’idéel des individus et leur imaginaire, est ici passé au crible dans trois séries de rencontres dont les actes ont été rassemblés dans une collection, « Le pouvoir symbolique en Occident (1300-1640) ».
Ces volumes, adoptant une perspective pluridisciplinaire et comparative dans une visée de long terme, combinent études de cas, analyses conceptuelles et réflexions plus théoriques. Et les réponses à ce questionnaire, issu d’une réflexion sur une histoire culturelle poursuivie sur plus de cinq siècles, remettent en cause une histoire de l’Occident latin où l’on opposerait Église et État : la mutation culturelle engendrée par la réforme grégorienne qui, tout en assurant d’abord le triomphe de la papauté, a donné à l’État moderne les moyens d’assurer sa propre légitimité en créant les conditions d’une révolution du système de communication. Elle engendre un partage du pouvoir symbolique et des processus de légitimation avec l’État : la capacité de ce dernier à se légitimer par le consentement de la société politique en dehors de la contingence religieuse est une spécificité de l’Occident latin, clé de l’essor des États modernes européens.Exclure de la communauté chrétienne
Exclure de la communauté chrétienne. Sens et pratiques sociales de l’anathème et de l’excommunication (IVe-XIIe s.), G. BÜHRER-THIERRY et S. GIOANNI éd., Turnhout, Brepols, 2015 (HAMA, 23).
Résumé
Une étude sur le sens et les pratiques sociales de l’excommunication aux premiers siècles du Moyen Âge (IVe-XIIe s.). L’excommunication et l’anathème, « condamnation à la mort éternelle », théoriquement plus grave mais en réalité devenu rapidement synonyme, sont attestés dès les débuts du christianisme et suivent d’abord une évolution parallèle à celle de la pénitence : ils deviennent progressivement de moins en moins publics et de plus en plus renouvelables, devenant par là-même des instruments privilégiés du contrôle social par la pression exercée sur l’individu retranché de la communauté chrétienne.
Cet ouvrage s’interroge à la fois sur la législation ecclésiastique dans la longue durée – pour quelle faute encourt-on l’excommunication entre le IVe et le Xe siècle ? – et sur la pertinence de son application suivant les différents espaces, afin d’évaluer les modalités de la mise en place de cette norme canonique. Il permet de comprendre comment l’excommunication sert à définir et à délimiter les communautés et il étudie les formules et les rituels mis en œuvre.Médiéval et militant
Médiéval et militant. Penser le contemporain à travers le Moyen Âge, Tommaso di Carpegna Falconieri, B. GRÉVIN éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 2015 (Histoire ancienne et médiévale).
Résumé
Avec Médiéval et militant. Penser le contemporain à travers le Moyen Âge, c’est à une réflexion d’ampleur sur le phénomène du médiévalisme que Tommaso di Carpegna Falconieri nous convie. Frère siamois de l’histoire médiévale, né comme elle du romantisme et de l’ère des nationalismes au XIXe siècle, le médiévalisme, que l’on pourrait définir comme la projection dans le présent d’un ou plusieurs Moyen Âges idéalisés, a subi une éclipse toute relative dans l’après-guerre avant de revenir hanter les consciences européennes avec toujours plus de force depuis la chute de l’Union soviétique. Que veut dire la floraison des références au Moyen Âge, depuis les milliers de fêtes médiévales qui parcourent l’Europe jusqu’aux utilisations politiques de tout genre, en passant par l’invention de cultures néo-médiévales qui envahissent aujourd’hui bibliothèques, cinémas et ordinateurs ? Quel rapport ce médiévalisme entretient-il avec l’histoire scientifique médiévale ? Quels sont les liens entre cette invocation permanente, qui tient tantôt du mythe, tantôt de la boîte à outils conceptuelle, et les redéfinitions en cours de la société européenne et occidentale ? C’est cet ensemble de questions, et bien d’autres qu’interroge cet essai qui plonge dans l’histoire du XIXe et du XXe siècle pour éclairer le présent et le futur du médiévalisme.
Le dictamen dans tous ses états
Le dictamen dans tous ses états. Perspectives de recherche sur la théorie et la pratique de l’ars dictaminis (XIe-XVe siècles), Actes du colloque international de Paris, 5-6 juillet 2012, B. GRÉVIN et A.-M. TURCAN-VERKERK dir., Turnhout, Brepols, 2015.
Résumé
Technique de communication par excellence des cultures médiévales, l’ars dictaminis est bien plus qu’un « art d’écrire des lettres » : une véritable idéologie rhétorique, aux innombrables débouchés encore trop méconnus. L’ars dictaminis, ensemble de techniques de rédaction latines créées entre 1070 et 1250 pour répondre aux nouveaux besoins de la société médiévale, jouit depuis deux décennies d’un regain d’attention notable. Art rhétorique cultivé par les différentes autorités ecclésiastiques et laïques durant la plus grande partie du bas Moyen Âge, l’ars a profité de l’intérêt accru pour l’histoire des techniques de communication. Peut-on dire pour autant que l’étude de ce courant central de l’écriture médiolatine est réellement sortie d’un enclavement séculaire ? Non.
Dans une volonté de décentrer l’étude de l’ars dictaminis de l’approche strictement théorique pour affronter l’ensemble des problèmes que ce champ d’étude pose à l’histoire médiévale, le colloque a affronté collectivement l’ensemble des questions posées par l’ars dictandi, en tentant à la fois de faire le bilan des avancées effectuées ces dernières décennies, et de préciser les perspectives de recherche.Georges Duby : portrait de l’historien
Georges Duby : portrait de l’historien en ses archives : colloque de la Fondation des Treilles, P. BOUCHERON et J. DALARUN dir., Paris, Gallimard, 2015.
Résumé
Lorsqu’il s’agit de dresser leur autoportrait, les historiens se plaisent souvent à se camper face aux archives qu’ils compulsent et font parler. Ce livre se risque à retourner le miroir, en proposant le portrait d’un historien en ses archives, celles qu’il a consultées, mais celles aussi qu’il a constituées. Georges Duby fut l’historien scrupuleux et inspiré de la société féodale, mais il fut également l’archiviste méthodique de lui-même. C’est à explorer le « fonds Duby » déposé pour l’essentiel à l’Imec que cette enquête collective est consacrée.
Les historiens rassemblés par Patrick Boucheron et Jacques Dalarun, grâce au soutien de la Fondation des Treilles, entreprennent de saisir Georges Duby à travers les visages de papier que constituent ses archives de travail. Ce faisant, ils invitent le lecteur à entrer dans la fabrique de l’œuvre. Ce n’est pas seulement la carrière du grand médiéviste qui est ici revisitée, mais les pratiques et les procédures qui permettent le travail de l’histoire : fiches de cours, notes, correspondances, transcriptions de séminaires, brouillons et manuscrits. Voilà pourquoi ce livre ambitionne, à sa manière, d’illustrer une histoire matérielle du travail intellectuel.Georges Duby - Mes ego-histoires
Georges DUBY, Mes ego-histoires, P. BOUCHERON et J. DALARUN éd., Paris, Gallimard, 2015.
Résumé
« En 1987, Georges Duby participait, à côté de six autres historiens connus, à une entreprise expérimentale que je leur avais proposée. Elle consistait à savoir si, comment, à quelles conditions, sous quelles formes, un historien pouvait faire sa propre histoire. Des essais d’« ego-histoire » appelés à devenir un véritable genre. Dans leur exploration des archives du fonds Duby, Patrick Boucheron et Jacques Dalarun ont découvert une première version à laquelle Georges Duby avait renoncé. Pas de différences radicales entre les deux versions, pas de révélations effacées. Mais l’historien avait commencé à se raconter à la troisième personne ; et cette différence de procédure engageait un tout autre rapport à l’écriture de soi et à la mémoire.
À l’heure où Georges Duby doit sa statue posthume à son style d’écrivain autant qu’à son apport scientifique à l’histoire de la féodalité, cette première tentative d’ego-histoire, rapprochée de celle qu’il avait choisi de publier, exprime sans doute sa première tentation littéraire. À ce titre, elle a paru mériter d’être ici exhumée. » Pierre Nora.Faire jeunesses, rendre justice
Faire jeunesses, rendre justice. À Claude Gauvard, A. DESTEMBERG, Y. POTIN, E. ROSENBLIEH éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 2015 (Histoire ancienne et médiévale).
Résumé
Les contributions ici réunies en hommage à Claude Gauvard viennent compléter un triptyque éditorial, initié en 2010 : après Un Moyen Âge pour aujourd’hui et Violences souveraines (PUF, 2010), le bouquet d’études rassemblées témoigne de la dette contractée d’une ultime génération de doctorants, tous devenus depuis docteurs en titre. Il s’agit ici d’un acte collectif visant à rendre justice à l’incroyable capacité que Claude Gauvard de « faire jeunesses » du savoir dispensé, à travers l’enseignement et l’encadrement de travaux de recherches de longue durée. Ainsi pourrait-on qualifier un legs intellectuel inestimable : agir pour les autres et leur donner ce qui est inaliénable, soit la passion du savoir et, en l’occurrence, le désir de comprendre la société médiévale dans la profondeur de sa complexité, de ses ambitions morales comme de son rêve de totalité.
La légitimité implicite I et II
La légitimité implicite I et II, J.-P. GENET éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 2015.
Résumé
Signs and States, programme financé par l’ERC (European Research Council), a pour but d’explorer la sémiologie de l’État du XIIIe siècle au milieu du XVIIe siècle. Textes, performances, images, liturgies, sons et musiques, architectures, structures spatiales, tout ce qui contribue à la communication des sociétés politiques, tout ce qu’exprime l’idéel des individus et leur imaginaire, est ici passé au crible dans trois séries de rencontres dont les actes ont été rassemblés dans une collection, Le pouvoir symbolique en Occident (1300-1640).
Ces volumes, adoptant une perspective pluridisciplinaire et comparative dans une visée de long terme, combinent études de cas, analyses conceptuelles et réflexions plus théoriques. Et les réponses à ce questionnaire, issu d’une réflexion sur une histoire culturelle poursuivie sur plus de cinq siècles, remettent en cause une histoire de l’Occident latin où l’on opposerait Église et État : la mutation culturelle engendrée par la réforme grégorienne qui, tout en assurant d’abord le triomphe de la papauté, a donné à l’État moderne les moyens d’assurer sa propre légitimité en créant les conditions d’une révolution du système de communication. Elle engendre un partage du pouvoir symbolique et des processus de légitimation avec l’État : la capacité de ce dernier à se légitimer par le consentement de la société politique en dehors de la contingence religieuse est une spécificité de l’Occident latin, clé de l’essor des États modernes européens.Autour de Lanfranc (1010-2010)
Autour de Lanfranc (1010-2010). Réforme et réformateurs dans l’Europe du Nord-Ouest (XIe-XIIe siècles), J. BARROW, F. DELIVRÉ et V. GAZEAU éd., Caen, Presses universitaires de Caen, 2015
Résumé
Le colloque a saisi l’opportunité de la célébration du millénaire de la naissance de Lanfranc (1010-1089), grand prélat réformateur originaire d’Italie du Nord, prieur du Bec et abbé de Saint-Étienne de Caen, en Normandie, puis archevêque de Cantorbéry, en Angleterre, pour mener à bien une réflexion d’histoire comparée sur la réforme ecclésiastique dans l’Europe du Nord-Ouest aux XIe et XIIe siècles. Centré sur le monde anglo-normand – l’horizon de Lanfranc – tout en s’ouvrant à d’autres espaces, comme la Scandinavie et la Russie, la rencontre a éclairé la notion discutée de « réforme », dans ses conceptions, ses usages, sa diffusion, sa réception et ses particularismes locaux.
Enfermements II
Enfermements II : Règles et dérèglements en milieu clos (IVe-XIXe siècle), J. CLAUSTRE, É. LUSSET, I. HEULLANT-DONAT et F. BRETSCHNEIDER dir., Paris, Publications de la Sorbonne, 2015.
Résumé
D’évidence, il n’y a pas d’enfermement sans règle. L’un des traits communs aux mondes clos est que ceux qui y vivent doivent obéir à des normes fortes, qu’il s’agisse de la règle monastique, de la règle hospitalière ou du règlement de prison. Reprenant l’étude comparée des enfermements religieux et carcéraux esquissée par les sciences sociales dans les années 1960 et 1970, le présent ouvrage, qui fait suite au volume Enfermement. Le cloître et la prison (VIe-XVIIIe siècle). publié en 2011, explore la place que prennent les règlements et les normes dans les cloîtres comme dans les prisons. Par une méthode comparée systématique, il montre toutes les nuances de cette histoire sur la longue durée, entre IVe et XIXe siècles, et dans toute l’Europe, des Iles Britanniques à la péninsule ibérique. À cet effet, il interroge la nature de la règle et historicise sa mise en texte, avant de comparer les modes de production de l’obéissance et les dérèglements qui surgissent dans les milieux clos. L’un des enjeux de cette étude comparée des règles et dérèglements en milieux clos est de comprendre et de réévaluer le rôle que la discipline régulière religieuse a pu jouer dans la mise en place des systèmes carcéraux occidentaux.
Tourner autour du pot...
Tourner autour du pot… Les ateliers de potiers médiévaux du Ve au XIIe siècle dans l’espace européen, F. THUILLIER et E. LOUIS éd., Turnhout, Brepols, 2015 (Publications du Centre de Recherches Archéologiques et Historiques Médiévales (CRAHM)).
Résumé
Aboutissement d’un important colloque international tenu à Douai (Nord, France) en octobre 2010, cet ouvrage est entièrement dédié à l’artisanat céramique du Ve au XIIe siècle dans l’espace européen. Il s’agissait alors de la première réunion de cette ampleur consacrée à l’étude des ateliers de potiers en France et en Europe pour une période cruciale, celle d’un premier Moyen Âge qui voit, selon les lieux, l’effacement progressif ou brutal des systèmes de productions antiques et l’émergence plus ou moins rapide du vaisselier du Moyen Âge central et tardif, largement adapté à l’usage de la glaçure. Une partie substantielle de cet ouvrage est réservée à la présentation de sites de production sur le territoire français, dont beaucoup étaient jusque-là totalement ou partiellement inédits. Ils sont illustrés au travers de nombreuses monographies d’ateliers de potiers, de synthèses locales et régionales et, en annexe, d’un corpus exhaustif des sites. De larges aperçus à l’échelle européenne (Europe du Nord-Ouest et centrale, Balkans, Méditerranée) témoignent de la variété des productions et des techniques. Par ailleurs, des approches méthodologiques, typologiques et expérimentales permettent une meilleure appréhension des savoir-faire potiers. Enfin, deux introductions, l’une historique, l’autre archéologique, et une conclusion très étoffée mettent en contexte et en perspective l’ensemble de ces travaux, autorisant, pour la première fois à cette échelle, une approche globale de la recherche vouée à l’artisanat céramique du haut Moyen Âge sur plus d’un demi-millénaire. La présente publication vient indéniablement combler un grand vide et constitue un ouvrage de référence.
La fin du Moyen Âge
Julie CLAUSTRE, La fin du Moyen Âge, 1180-1515,, Paris, Hachette Education, 2015 (Carré Histoire).
Résumé
De Philippe Auguste à Louis XII, trois siècles modifient la physionomie de la France. Cette fin du Moyen Âge (1180-1515) apparaît donc pour le royaume comme un second Moyen Âge.
L’ouvrage aborde aussi bien les transformations de l’exercice du pouvoir que l’évolution économique et sociale et les changements dévotionnels qui caractérisent le second Moyen Âge en France. Sans négliger aucun des thèmes dont l’étude a été renouvelée par la recherche la plus récente, il adopte une présentation chronologique qui rend sa lecture aisée.L’Europe seigneuriale, 888-1215
Laurent JÉGOU et Didier PANFILI, L’Europe seigneuriale, 888-1215, Paris, Armand Colin, collection Cursus, 2015.
Résumé
En 888, à la mort de Charles le Gros, l’empire carolingien se désagrège. Au cours des trois siècles suivants, l’histoire de l’Europe se fait à d’autres échelles : celle du royaume, de la principauté territoriale, de la châtellenie ou de la commune. Cette mosaïque politique participe d’une recomposition des pouvoirs mais ne signifie pas pour autant un affaiblissement des monarchies, ni un temps de crise. Les dynasties ottonienne et salienne en Germanie, capétienne en France, plantagenêt en Angleterre assurent le rayonnement de leur royaume et bénéficient d’un dynamisme économique sans précédent.
La période est celle de la naissance de l’université, de l’essor de l’art roman et gothique, du développement d’un commerce à l’échelle internationale, comme de l’extension du christianisme au nord et à l’est, de la reconquête des terres sous domination musulmane au sud et de l’organisation d’expéditions en Terre sainte.Les âges de Britannia
Les âges de Britannia. Repenser l’histoire des mondes britanniques (Moyen Âge-XXIe siècle), J.-F. DUNYACH et A. MAIREY dir., Rennes, PUR, 2015.
Résumé
Les Tudors, toujours médiévaux ? Le Long Eighteenth-Century, toujours aussi long ? Cet ouvrage interroge la pertinence des périodes historiques appliquées à l’histoire britannique ainsi que les enjeux des re-périodisations contemporaines portant sur l’histoire de l’environnement, l’histoire impériale ou encore la global history.
Avec le soutien du CNRS-GDR 3434 « Mondes britanniques ».Inventorier et décrire les constructions de l’eau
Inventorier et décrire les constructions de l’eau. Le vocabulaire des ports en milieu fluvial et estuarien, V. SERNA, Paris, Mission de l’inventaire général du patrimoine culturel - Ministère de la culture et de la communication, 2015.
Résumé
La mission de l’Inventaire général du patrimoine culturel, au sein du ministère de la culture et de la communication s’interroge sur les termes permettant la description puis la mise en œuvre de vocabulaire méthodique et technique, des sites patrimoniaux que sont les ports en milieu fluvial et esturien. Cet ouvrage rassemble les Actes de la journée d’étude qui s’est tenue le 10 décembre 2013 à Paris, en collaboration avec deux instances universitaires (LaMOP et LaScArBx - ANR-10-LABX-52) et en propose la restitution. Dix articles ayant pour territoire le Rhône, la Somme, la Canche, la Loire, la Dordogne, Saint-Laurent-du-Maroni, et les estuaires de la Seine, Gironde et Loire rendent compte de la densité des termes utilisés par les chercheurs dans les différents champs scientifiques (archéologie, Inventaire, histoire).
Les historiens français en mouvement
Les historiens français en mouvement, P. CAUCHY, C. GAUVARD, B. LEGRAS et J.-F. SIRINELLI dir., Paris, Presses universitaires de France, 2015 (Comité français des Sciences historiques).
Résumé
Faisant suite aux Historiens français à l’œuvre (Puf, 2010), consacré à une analyse rétrospective de la production scientifique de l’école historique française durant les quinze dernières années, ce nouveau recueil se veut résolument prospectif. Il s’agit en effet de présenter quelques-uns des domaines actuellement explorés par cette école historique.
Pour replacer de tels domaines dans leur contexte historiographique contemporain, la première partie du livre est consacrée à la mutation considérable que représentent, pour le métier d’historien, les processus de mondialisation actuellement à l’œuvre. Pour la production scientifique comme pour l’échange intellectuel, de tels processus ont d’indéniables et profondes conséquences. Bien plus, ce sont les objets mêmes de la discipline historique qui se trouvent « impactés » par cette mondialisation, le développement actuel autour de thèmes relevant, par exemple, de l’histoire dite « connectée » en étant un indice frappant.Le Schisme et la pourpre
H. MILLET et M. MAILLARD-LUYPAERT, Le Schisme et la pourpre. Le cardinal Pierre d’Ailly, homme de science et de foi, Paris, Éditions du Cerf, 2015.
Résumé
Astrologue, conseiller du roi de France Charles VI, cardinal, intermédiaire entre les papes de Rome et d’Avignon, évêque de Cambrai, Pierre d’Ailly a été un des acteurs principaux d’une lutte acharnée entre la France et le Saint‐Siège : le Grand Schisme d’Occident. Rappelant l’engagement de d’Ailly pour la réunion d’un concile qui mettrait un terme à la querelle des papes, revenant sur sa postérité scientifique, notamment sur ses travaux de géographie maritime dont s’est servi Christophe Colomb, n’oubliant rien de son héritage intellectuel, comme sa défense du conciliarisme contre l’autorité absolue du pape, cette biographie relate non seulement la vie d’un homme de science, d’un homme d’église et d’un homme d’état, mais restitue aussi le décor et son envers d’une des époques les plus chancelantes du catholicisme. Fondé sur des documents et archives inédits, cet ouvrage éclaire une problématique majeure de l’Église d’aujourd’hui, celle de la collégialité.
Le Dictionnaire de l’historien
Le Dictionnaire de l’historien, C. GAUVARD et J.-F. SIRINELLI, Paris, Presses universitaires de France, 2015.
Résumé
Cet ouvrage, conçu par un travail d’équipe, est à un double titre un guide : de la recherche en histoire et du métier d’historien. Avec ses 355 entrées et ses 201 auteurs, il entend montrer que l’histoire est une discipline vivante, sans cesse remise sur le métier par ceux qui l’écrivent. Des choix ont dû être faits et les grands thèmes qui renouvellent la pensée historique ont été privilégiés : les sensibilités, les représentations, l’information, l’opinion, les médias, la culture de masse, la mondialisation, etc. Ils sont traités en respectant les écarts chronologiques, de l’Antiquité à nos jours, la diversité historiographique et la complexité de domaines souvent foisonnants. Il apparaît alors que, quelle que soit leur spécialité, les historiens ont en commun de répondre aux mêmes exigences de rigueur pour administrer la preuve et rechercher la vérité. Une grande attention a donc été portée au métier d’historien face à ces nouveaux objets et à de nouveaux modes d’investigation. Une telle somme montre que l’Histoire reste une, comme un édifice éclairant un savoir indispensable au citoyen d’aujourd’hui.
Government and Political Life in France and England
Government and Political Life in France and England, c.1300-c.1500, J.-P. GENET, J. WATTS et C. FLETCHER dir., Cambridge, Cambridge University Press, 2015.
Comment les rois d’Angleterre et de France ont-ils gouverné leurs royaumes ? Cet ouvrage, fruit d’un projet international mené dix ans durant, rassemble les contributions de spécialistes de l’Angleterre et de la France de la fin du Moyen Âge afin d’explorer la manière dont les souverains ont exercé leur pouvoir dans les derniers siècles du Moyen Âge. Les différents chapitres, généralement rédigés collectivement par des experts des deux royaumes, couvrent des domaines allant de l’histoire de la cour, des réseaux militaires, des finances publiques en passant par celle des offices, de la justice et des hommes d’Église à celle des représentations politiques, des requêtes et des suppliques ainsi que des conceptions culturelles de la société politique, sans oublier le rôle de ceux qui étaient exclus des corps politiques habituellement représentés. Le résultat consiste en une comparaison détaillée et innovante sur la nature du gouvernement et de la vie politique, considérée à partir de la question "comment le roi gère-t-il son royaume ?", mais en recourant aux méthodes de l’histoire sociale, culturelle et économique afin de comprendre l’armature sous-jacente du pouvoir royal.
Faire lien
Faire lien. Aristocratie, réseaux et échanges compétitifs, L. JÉGOU, S. JOYE, T. LIENHARD et J. SCHNEIDER dir., Paris, Publications de la Sorbonne, 2015 (Histoire ancienne et médiévale).
Résumé
Régine Le Jan a marqué de son empreinte l’histoire du haut Moyen Âge. Son œuvre a accompagné l’évolution de la discipline historique depuis plus de quarante ans. Au gré de ses publications, de colloques, de programmes de recherche, de son enseignement, elle a donné à l’histoire du haut Moyen Âge des orientations inédites. Pour lui rendre hommage, ses collègues, amis et élèves se sont inspirés de quelques-uns de ses thèmes de recherche privilégiés. Dans ce volume sont ainsi envisagés la place de l’aristocratie et des élites dans la société médiévale, l’analyse des réseaux qui structurent cette société ainsi que les enjeux que représentent les échanges compétitifs au haut Moyen Âge. Faire lien. C’est sous ce titre qu’ont été rassemblées les quarante-deux contributions organisées autour de ces sujets.
La vengeance en Europe
La vengeance en Europe, XIIe-XVIIIe siècle, C. GAUVARD et A. ZORZI dir., Paris, Publications de la Sorbonne, 2015 (Histoire ancienne et médiévale).
Résumé
L’histoire de la vengeance, du Moyen Âge à la fin de l’époque moderne, restait à écrire. Les 18 contributions de cet ouvrage, fruits de trois rencontres internationales posent les premiers jalons des pratiques de la vengeance en étudiant une série de cas pris dans l’Empire, dans le royaume de France, et aussi en Italie et en Espagne, dans ces pays méridionaux où la vengeance est censée subsister jusqu’à nos jours. Tous les groupes sociaux sont concernés, nobles comme non-nobles, paysans et citadins, clercs et laïcs. L’idée a été de comprendre comment et pourquoi, globalement, la vengeance régresse en Occident. Il fallait pour cela interroger les outils théoriques dont dispose l’historien, la notion de « justice privée », qui renvoie à l’idée d’un État détenteur du monopole de la violence légitime, ou celle de « civilisation des mœurs » qui accompagne nécessairement l’idée d’un progrès de l’homme sur ses pulsions agressives. Ces notions volent ici en éclats pour faire place à des explications plus nuancées et sans doute plus justes. L’État peut louer la vengeance tout en la condamnant par bribes et la vengeance peut se dérober à l’observation ou au contraire envahir la documentation au gré des acteurs qui la manipulent pour en faire mémoire. Enfin, si le lien entre honneur et vengeance est ici privilégié, il n’est pas le seul critère d’explication. Car la vengeance se révèle multiforme et, de ce fait, reste difficilement saisissable.
Splendor Reginae
Splendor Reginae. Passions, genre et famille. Mélanges en l’honneur de Régine Le Jan, L. JÉGOU, S. JOYE, T. LIENHARD et J. SCHNEIDER éd., Turnhout, Brepols, 2015.
Résumé
Un vaste panorama des recherches actuelles sur la parenté, les femmes et l’irruption des émotions dans le discours politique au Moyen Âge et dans son historiographie. Régine Le Jan a marqué de son empreinte l’histoire du haut Moyen Âge. Son œuvre a accompagné l’évolution de la discipline historique depuis plus de quarante ans. Au gré de ses publications, de colloques, de programmes de recherche, de son enseignement, elle a donné à l’histoire du haut Moyen Âge des orientations inédites. Pour lui rendre hommage, ses collègues, amis et élèves se sont inspirés de quelques-uns de ses thèmes de recherche privilégiés au fil de trente articles rassemblés ici. Dans ce volume est d’abord envisagée l’importance de la famille et des liens de parenté dans les relations de pouvoir au haut Moyen Âge, rappelant l’ouvrage fondateur que fut sa thèse Famille et Pouvoir dans le monde franc (Publications de la Sorbonne, 1995). Sont ensuite évoquées celles dont elle a si bien montré le rôle essentiel par l’évocation de figures de femmes médiévales, tout en rappelant comment a continué à peser sur elles tout le poids d’une discrimination qui se poursuit pendant toute la période. Enfin, les auteurs reviennent sur l’usage des émotions et du vocabulaire de la haine et de l’amitié, dont la place ne cesse de croître à la fois dans les domaines social et politique au fil du haut Moyen Âge.
Compétition et sacré au haut Moyen Âge
Compétition et sacré au haut Moyen Âge : entre médiation et exclusion, P. DEPREUX, F. BOUGART, R. LE JAN éd., Turnhout, Brepols, 2015.
Résumé
Les actes du colloque « Compétition et sacré au haut Moyen Âge : entre médiation et exclusion » constituent le deuxième volume de la série de publications du groupe international de recherches sur la compétition dans les sociétés médiévales (400-1100). Ce programme de recherche considère les objets de la compétition, les moyens et les formes de la compétition qui dépendent des capacités de régulation de cette même compétition : règles du jeu édictées par les autorités, mécanismes de médiation plus ou moins forts, équilibre de la terreur, la performativité des moyens : résultats en termes d’objets et d’enjeux, les possibilités de mobilité sociale, de changement de statut ou de position qui sont plus ou moins grandes selon les périodes et les espaces.
La rencontre de Limoges place le sacré au centre de la réflexion sur la compétition, mais il est nécessaire de ne pas restreindre le sacré à ce qui est consacré par l’autorité ecclésiastique. Si le sacré est bien ce qui est doté d’une force surnaturelle et qui isole, la distinction sacré-profane ne passe pas complètement par l’opposition clercs-laïcs. Avec le sacré on touche au pouvoir, puisqu’il ne peut y avoir de pouvoir légitime au Moyen Âge sans lien avec le sacré, quelle que soit la forme prise par la relation. Même si les clercs tendent à monopoliser de plus en plus le sacré par le biais du « consacré », la spécificité de la période prégrégorienne tient précisément à ce que le sacré n’est pas encore entièrement contrôlé par les clercs et qu’il est donc objet de compétition. En même temps, le sacré est un instrument de la compétition et il est facteur d’exclusion.Les Plantagenêts et leur empire
F. MADELINE, Les Plantagenêts et leur empire. Construire un territoire politique, Rennes, PUR, 2014.
Résumé
À partir de 1066 et plus encore 1154, la formation d’un empire qui s’étend de l’Écosse aux Pyrénées a été un phénomène à l’origine de transformations majeures dans l’organisation des pouvoirs en Europe de l’Ouest. Pour affirmer leur domination sur l’étendue de ces territoires, les trois premiers Plantagenêts, Henri II, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, entre 1154 et 1216, n’ont pas eu d’autre choix que de se mettre à parcourir ce vaste espace et d’y marquer visiblement, par des constructions, l’empreinte de leur pouvoir.
La mémoire d’Ambroise de Milan
La mémoire d’Ambroise de Milan. Usages politiques et sociaux d’une autorité patristique en Italie, P. BOUCHERON et S. GIOANNI éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 2015.
Résumé
Le rapport qu’entretient la culture médiévale avec les Pères de l’Église n’est en rien réductible à la vénération d’une autorité ancienne ; il est tout entier dans la mise au présent d’un passé continué. C’est à étudier les modalités textuelles, liturgiques et monumentales de cette présence médiévale de la mémoire patristique, envisagée dans sa dimension sociale et politique, que cet ouvrage collectif, issu d’un programme de recherche international et transdisciplinaire, est consacré. Il porte sur la mémoire italienne d’Ambroise (340-397), évêque et saint patron de la ville de Milan, reconnu comme l’un des quatre docteurs latins de l’Église. Dès lors, le souvenir ambrosien est tiraillé entre deux pôles antagonistes : le premier est la vocation universelle du Père de l’Église, le second est son ancrage local qui fonde et justifie l’invention des traditions milanaises et la spécificité de sa liturgie, de son Église, mais aussi de son système de valeurs politiques. Cette enquête sur la disponibilité sociale d’un souvenir et sur ses usages politiques ne se contente pas de faire la chronique, en longue durée, de la manipulation de la mémoire. Elle tente également d’identifier les ancres du souvenir, l’empêchant de dériver trop loin de l’Ambroise « historique » : des textes, des images, des rituels, des monuments. De là la dimension résolument pluridisciplinaire de l’entreprise collective, réunissant historiens, historiens de l’art, archéologues, philologues, mais aussi philosophes, musicologues, théologiens et liturgistes.
L’honneur des universitaires
Antoine DESTEMBERG, L’honneur des universitaires au Moyen Âge. Étude d’imaginaire social, Paris, PUF, 2015 (le Nœud gordien).
Résumé
Avec la naissance des universités, à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle, une nouvelle catégorie d’individus apparaît, faisant profession d’étudier, de penser et d’enseigner. Grâce à cette étude à la croisée de l’histoire, de l’anthropologie et de la sociologie se dévoilent les stratégies mobilisées par cette communauté intellectuelle nouvelle pour s’affirmer en tant que catégorie autonome dans le paysage social et politique des derniers siècles du Moyen Âge.
En observant les nombreuses manifestations rhétoriques et gestuelles de l’idée médiévale d’honneur, l’auteur s’attache ainsi à décrire la formation d’une identité professionnelle propre aux maîtres, écoliers et officiers de l’université de Paris jusqu’à la fin du XVe siècle. Cet examen de conscience de l’Université médiévale permet ainsi de mettre en évidence quelques-uns des principes fondateurs d’une institution pluriséculaire.De l’éloquence architecturale
Patrick BOUCHERON, De l’éloquence architecturale. Milan, Mantoue, Urbino (1450-1520), Paris, Éditions B2, 2015 (Territoires).
Résumé
Una città in forma di palazzo: dans le dernier tiers du Quattrocento, à Urbino, Mantoue ou Milan, des princes voulurent faire de leur résidence des cités idéales, à l’écart de la ville mais s’imposant à elle, l’ordonnant. Ils suivaient en cela la leçon d’Alberti, qui avait fait de son De re aedificatoria un traité non pas de l’art de bâtir, mais de sa politisation. Car l’architecture humaniste devenait un art de la persuasion. Elle était chargée d’exprimer ce que les mots n’osaient pas encore dire : l’absolutisation du pouvoir princier. Ce petit livre confronte cette folle ambition au déniaisement machiavélien, rappelant que s’il existe un langage architectural, alors celui-ci ménage aussi des non-dits, suscite des incompréhensions, trahit des lapsus.
"Regalis excellentia"
S. BARRET et Benoît GRÉVIN, "Regalis excellentia". Les préambules des actes des rois de France au XIVe siècle, Paris, Ecole nationale des chartres, 2014.
Résumé
Vers la fin du XIIIe siècle, la pratique d’introduire certains actes par des préambules fait un retour en force à la chancellerie royale française. C’est dans un environnement culturel, politique et linguistique en pleine mutation que les notaires des derniers Capétiens et des premiers Valois créent ces orfèvreries rhétoriques, jadis méprisées par la recherche, aujourd’hui comprises pour ce qu’elles sont : autant de fragments de « miroirs », captant chacun un rayon de la royauté et de l’idée que s’en faisaient les hommes du Moyen Âge. La présente étude des préambules latins et français de la chancellerie royale du XIVe siècle se fonde sur l’édition et l’analyse d’un corpus de cinq cent quarante-huit textes utilisés dans plus de huit cents actes. Elle envisage l’ensemble des problèmes posés par cet élément particulier de la diplomatique. Sont notamment abordés : la place des préambules dans la production diplomatique et son enjeu pour l’histoire de la chancellerie et de ses membres ; la question des sources, endogènes et exotiques, littéraires et formulaires ; les techniques de rédaction des notaires et leurs évolutions ; le contenu idéologique des textes… Au fil des analyses émerge une image renouvelée des pratiques d’écriture de la chancellerie royale française. À travers l’adaptation de sources papales et impériales, la francisation partielle, l’effort de rédaction particulier déployé pour certains actes, s’inventent les formules qui se figeront dans les formulaires du début du XVe siècle.
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2014
L’Atlas global
L’Atlas global, G. FUMEY, CH. GRATALOUP (dir.), avec la collab. de P. BOUCHERON, Paris, Les Arènes, 2014, 150 p.
Résumé
L’Atlas global est un essai en images, conçu par une équipe de vingt-six historiens et géographes de renom. En soixante cartes et infographies inédites, ils nous racontent comment l’Occident s’est vu (parfois à tort) au centre du monde et pourquoi, au tournant du XXIe siècle, les cartes du pouvoir ont été rebattues.
Un autre monde émerge sous nos yeux, largement désoccidentalisé. La beauté, le bonheur, les prisons, le sport, les déchets, les virus, les habitudes alimentaires, la vieillesse, le climat… on peut tout cartographier.Aux marges du monde germanique
Aux marges du monde germanique. L’évêque, le prince, les païens (VIIIe-XIe s.), G. BÜHRER-THIERRY éd., Turnhout, Brepols, décembre 2014.
Résumé
Ce livre propose une réflexion sur la construction des figures d’autorité dans le monde franc et germanique et explore différentes sociétés de la frontière sans réduire le processus de christianisation à un affrontement radical entre païens et chrétiens.
La conquête carolingienne de l’ensemble des espaces germaniques à la fin du VIIIe siècle a permis une nouvelle expansion du christianisme et de la latinité à l’Est de l’Europe : les évêques y sont les premiers responsables de la mise en place des structures d’encadrement et de pouvoir en liaison étroite avec la royauté. Dans le cadre de la mission et de l’implantation de nouvelles structures ecclésiastiques, ils transforment l’organisation de l’espace en créant des cités épiscopales là où aucune ville romaine n’avait jamais existé et développent des pôles de sacralité qui sont autant d’accroches de leur pouvoir. Ce nouveau monde est à conquérir en profondeur et la mission demeure un impératif tant politique que religieux : la rencontre des païens, à la fois recherchée et redoutée, est l’occasion de mieux définir les contours de la société chrétienne. Dans l’empire ottonien des Xe-XIe siècles les marches du monde germanique pénètrent profondément en territoire slave et les processus d’acculturation des élites, notamment polonaises et tchèques, mais aussi hongroises, permettent le développement de nouvelles structures politiques et l’essor d’une nouvelle chrétienté : on observe ici la formation de sociétés de la frontière où les processus d’acculturation et les interactions sociales ne sont jamais à sens unique.Noms, prénoms, surnoms au Moyen Âge
M. BOURIN et P. CHAREILLE, Noms, prénoms, surnoms au Moyen Âge, Paris, Picard, 2014 (Les Médiévistes français).
Résumé
Un prénom et un nom pour désigner une personne nous apparaît comme « naturel », d’autant plus que ce système s’est imposé à une grande partie de la planète. En Europe occidentale, l’usage de désigner toute personne par un prénom et un « nom de famille » s’est installé très tôt, entre l’an mil et le XIVe siècle. C’est à cette naissance, à ses rythmes, à ses nuances régionales que se sont consacrés les auteurs, dont ce volume rapporte la démarche et les principaux résultats. Ils décrivent les étapes qui ont permis d’analyser comment dans la période centrale du Moyen Âge, s’est construite une « nouvelle anthroponymie », pour désigner une partie de la population, les hommes laïcs. Car c’est pour eux que s’est créée l’anthroponymie à deux éléments, le nom et le surnom. Rapidement, cette enquête, partie de quelques régions françaises, s’est élargie à l’Europe. Ce livre montre les développements qui se sont imposés aux chercheurs, dont la question de la stigmatisation par le nom ainsi que la manière dont l’anthroponymie réagit aux migrations. Derrière ces questions, c’est tout le rôle, intégrateur ou discriminant, de l’anthroponymie qui est posé. La société médiévale n’est pas tendre, elle rit de l’aveugle et se moque du boiteux, elle se méfie de l’étranger qui passe, mais elle ne manque pas de solidarité et d’ouverture sur le monde. Les auteurs font par ailleurs le point sur les concepts, les méthodes et les instruments statistiques qui ont été mis au point et constituent maintenant un protocole applicable pour de nouveaux corpus. Ils en font un ouvrage de référence sur la question du nom au Moyen Âge.
Le légendier de Turin
Le légendier de Turin, M. GOULLET coord. avec la collaboration de S. ISETTA, Turin, Biblioteca Nazionale e Universitaria D.V.3, 2014 (+ présentation DVD).
Résumé
L'édition collective du légendier de Turin (ms. D.V.3 de la bibliothèque Nationale Universitaire) est née de la conviction suivante: si l'on veut comprendre à la fois ce qu'est une édition médiévale, l'histoire des textes hagiographiques et celle de la langue latine, l'objet le plus parlant est un légendier. Pour interroger celui de Turin, dans son aspect matériel (organisation codicologique, mise en page, écriture, ornementation) autant qu'intellectuel (composition de la collection au sein de l'histoire générale des légendiers les plus anciens) une équipe pluridisciplinaire et multilingue (français, italien, anglais) d'une vingtaine de personnes tente ici d'en percer les mystères: où et quand a-t-il été copié, pourquoi et pur qui? Comment et pourquoi est-il passé du nord de la France au Piémont, voyage dont témoignent certaines corrections et additions tardives ainsi que le style novalaisien des neumes qui l'émaillent? Pourquoi, en plein essor de la caroline, son 'éditeur' de la fin du VIIIe siècle a-t-il choisi une écriture rare? Pourquoi la riche ornementation du manuscrit tranche-t-elle souvent avec les innombrables étourderies des copistes? Le lecteur se voit ainsi proposer quelques pistes pour aborder des questions culturelles, par exemple celle de la lecture et des rapports entre graphies et reflets d'oralité.
L'édition imprimée reproduit strictement le texte originel du manuscrit, dégagé de toutes ses corrections postérieures: celles-ci se lisent dans un apparat textuel de bas de page. Un DVD en propose une lecture immédiate, en mettant face à face les versions ante et post correctionem; pour chaque texte il fournit une synopse de la version turinoise avec un autre manuscrit, ainsi qu'une liste des témoins répertoriés et une fiche linguistique détaillée.Le Paris du Moyen Âge
Le Paris du Moyen Âge, B. BOVE et C. GAUVARD dir., Paris, Belin, 2014.
Résumé
Le présent ouvrage, qui contient plus de 80 illustrations et cartes, rassemble les conférences du cycle organisé au printemps 2012 par le Comité d’Histoire de la Ville de Paris sur le thème de Paris au Moyen Âge. Neuf historiens ont mis leur science au service de l’histoire de Paris, pour en éclairer un aspect à la lueur de leurs propres travaux et des derniers acquis de la recherche. C’est ainsi que sont tour à tour abordées la question de la place des saints fondateurs dans la ville, celle de l’évêque, des enceintes, de la justice, de la bourgeoisie, de l’assistance, des femmes, de l’université, de l’aristotélisme, du roi en son palais et de la guerre civile. Ce sont autant de portraits d’une ville aux visages multiples qu’il est difficile de saisir dans son ensemble, mais leur mise en série permet ici de s’en faire une idée. Il en ressort néanmoins que Paris cumule déjà à cette époque les fonctions économiques, religieuses, intellectuelles, curiales et politiques, ce qui est unique en Occident où les villes peuvent rarement s’enorgueillir de plus de deux ou trois fonctions : Gand est avant tout une cité industrielle, Bologne une ville universitaire, Venise un pôle commercial… Cet épais feuilletage de fonctions variées est probablement l’explication de l’exceptionnel développement de Paris au Moyen Âge. L’auteur Claude Gauvard et Boris Bove assurent la direction de l’ouvrage. Docteur ès lettres, professeur agrégé d’histoire, Claude Gauvard est professeur émérite d’histoire du Moyen Âge à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Docteur ès lettres, professeur agrégé d’histoire, ancien élève de l’ENS Fontenay-Saint-Cloud, Boris Bove est maître de conférences en histoire médiévale à Paris VIII. Cet ouvrage a reçu le 1er Grand Prix de l’Histoire de Paris.
Le peuple en justice
Le peuple en justice [colloque organisé par le Conseil général de l’Isère, l’Association française pour l’histoire de la justice, l’Ordre des avocats et l’université populaire européenne de Grenoble], J.-P. ALLINNE, CL. GAUVARD et J.-P. JEAN dir., Paris, La documentation française, 2014 (Collection de l’Association française pour l’Histoire de la Justice).
Résumé
La place du peuple en justice a profondément évolué tout au long des siècles. La fonction de juge s’est professionnalisée, même si des citoyens-juges élus exercent dans les tribunaux de commerce, les conseils de prud’hommes, ou sont tirés au sort comme jurés de cours d’assises. D’autres participent activement au procès en tant que témoins ou experts. Mais la part que doit prendre le citoyen dans le système judiciaire français, comme juge et même comme témoin, continue de faire débat. Derrière la question de l’élection des juges, toujours pré-sente depuis la période révolutionnaire, c’est celle de leur légitimité qui est posée. Pour mieux comprendre les enjeux, il fallait revenir au long terme de l’Histoire. D’abord sous la forme de la relation fondatrice que le peuple entretient avec la justice. Depuis l’Antiquité, « l’appel au peuple » des Romains garantissait l’effectivité de la justice. Au Moyen Age comme sous l’Ancien régime, c’est encore sous le regard du peuple que se prononcent et s’exécutent les condamnations. Mais la puissance des juges, qui affirment prendre leur décision « en ayant Dieu (levant les yeux », s’impose jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
La Révolution française, en réaction contre une justice royale honnie, a voulu replacer le peuple au coeur de la procédure. La justice populaire et l’élection des juges se sont imposées comme des évidences de la légitimité démocratique. Si ensuite la justice napoléonienne a marqué le retour en force de la professionnalisation d’une magistrature nommée par le pouvoir, le jury populaire est resté le symbole de cette justice démocratique. La participation des citoyens à la fonction de juger a fait l’objet de réformes ponctuelles et reste une question récurrente.
Aujourd’hui, les juges rendent leurs jugements « Au nom du peuple français ». Cet ouvrage permet de comprendre non seulement comment ils doivent en rendre compte aux citoyens, mais aussi comment ces derniers pourraient mieux participer à 1’œuvre de justice.Construire la ville
Construire la ville. Histoire urbaine de la pierre à bâtir : actes du 137e congrès des sociétés historiques et scientifiques "Composition(s) urbaine(s)", Tours, 23-28 avril 2012, J. LORENZ, F. BLARY et J.-P. GÉLY dit., Paris, Ed. du CTHS, 2014 (CTHS Sciences, 14).
Résumé
L’histoire de l’approvisionnement en pierre à bâtir de la ville nécessite une approche pluridisciplinaire. Les auteurs des textes réunis ici sont géologues, archéologues et historiens. Ils associent leurs méthodes et leurs expériences à cette recherche. L’analyse archéologique des bâtis et des archives du sol, jointe à l’étude des sources historiques et à l’examen attentif des ressources naturelles, permet de dresser un schéma de ces approvisionnements et de placer en parallèle leurs développements avec celui du phénomène urbain qui a concouru à les mettre en œuvre.
Cet ouvrage apporte des éclairages ponctuels et précis s’inscrivant dans le temps court en privilégiant l’examen de l’approvisionnement d’un chantier urbain, et d’autre part, se positionne d’une manière plus novatrice dans le temps long, cherchant à circonscrire les grandes étapes et les modes d’approvisionnement de l’entité urbaine de l’Antiquité à l’Époque moderne. Il ouvre la voie à une réflexion actuelle de la gestion des ressources en matériaux de construction de la ville du futur.Anthologie : Le théâtre français du Moyen Âge et de la Renaissance
Anthologie : Le théâtre français du Moyen Âge et de la Renaissance. Histoire, textes choisis, mises en scène, D. SMITH, G. PARUSSA, O. HALÉVY et al. dir., Paris, L’Avant-scène, 2014 (Anthologie de l’avant-scène théâtre).
Résumé
La publication du volume de l’anthologie de L’avant-scène théâtre consacré au théâtre français du Moyen Age et de la Renaissance (du XIIe au XVIe siècle) est un événement éditorial à plus d’un titre : cette parution renouvelle en profondeur le regard que l’on porte sur des périodes méconnues de notre histoire dramatique, et plus généralement littéraire et culturelle. Ce faisant, elle donne à découvrir de véritables trésors, dont la modernité surprendra plus d’un lecteur. Présentés dans leur graphie d’origine et retraduits pour les rendre plus accessibles à tous, ces textes anciens nous parlent toujours et nous apparaissent comme les sources fécondes auxquelles ont puisé tous les grands auteurs du théâtre français que nous considérons comme nos classiques. Plongez-vous dans cet ouvrage majeur richement illustré, qui forme le cinquième et dernier volume de la collection Anthologie de L’avant-scène théâtre.
Les manuscrits autographes français
O. DELSAUX, G. OUY et T. VAN HEMELRYCK, Les manuscrits autographes français à la fin du Moyen Âge. Guide de recherches, Turnhout, Brepols, 2014 (Texte, Codex et Contexte, 15).
Résumé
Les manuscrits autographes en français médiéval constituent un champ d’étude fécond, mais qui n’a guère fait l’objet de synthèses et de mises au point historiques, documentaires ou méthodologiques. L’objectif de ce volume est de baliser la recherche sur les manuscrits français du Moyen Âge entièrement ou partiellement autographes. L’ouvrage offre une bibliographie sélective des travaux consacrés à ces manuscrits, des répertoires raisonnés des manuscrits autographes identifiés jusqu’ici et la version revue de trois articles de synthèse de Gilbert Ouy. Conçu comme un guide, ce volume s’adresse aussi bien aux spécialistes qu’aux novices dans l’étude des manuscrits autographes français.
Marquer la prééminence sociale
Marquer la prééminence sociale. Actes de la conférence organisée à Palerme en 2011 / par SAS ; en collaboration avec l’École française de Rome et l’université de Palerme, P. BOUCHERON, J.-P. GENET et E. I. MINEO dir., Paris, Publications de la Sorbonne et Rome, Ecole française de Rome, 2014 (Histoire ancienne et médiévale, 127/4).
Résumé
Signs and States, programme financé par l’ERC (European Research Council), a pour but d’explorer la sémiologie de l’État du XIIIe siècle au milieu du XVIIe siècle. Textes, performances, images, liturgies, sons et musiques, architectures, structures spatiales, tout ce qui contribue à la communication des sociétés politiques, tout ce qu’exprime l’idéel des individus et leur imaginaire, est ici passé au crible dans trois séries de rencontres dont les actes ont été rassemblés dans une collection, Le pouvoir symbolique en Occident (1300-1640). Ces volumes, adoptant une perspective pluridisciplinaire et comparative dans une visée de long terme, combinent études de cas, analyses conceptuelles et réflexions plus théoriques. Et les réponses à ce questionnaire, issu d’une réflexion sur une histoire culturelle poursuivie sur plus de cinq siècles, remettent en cause une histoire de l’Occident latin où l’on opposerait Église et État : la mutation culturelle engendrée par la réforme grégorienne qui, tout en assurant d’abord le triomphe de la papauté, a donné à l’État moderne les moyens d’assurer sa propre légitimité en créant les conditions d’une révolution du système de communication. Elle engendre un partage du pouvoir symbolique et des processus de légitimation avec l’État : la capacité de ce dernier à se légitimer par le consentement de la société politique en dehors de la contingence religieuse est une spécificité de l’Occident latin, clé de l’essor des États modernes européens.
Église et État, Église ou État ?
Église et État, Église ou État ? Les clercs et la genèse de l’État moderne : actes de la conférence organisée à Bourges en 2011 / par SAS [Signs and States] et l’Université d’Orléans en l’honneur d’Hélène Millet, C. BARRALIS, J.-P. BOUDET, F. DELIVRÉ ET J.-P. GENET éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 2014 (Histoire ancienne et médiévale, 125/10).
Résumé
Signs and States, programme financé par l’ERC (European Research Council), a pour but d’explorer la sémiologie de l’État du XIIIe siècle au milieu du XVIIe siècle. Textes, performances, images, liturgies, sons et musiques, architectures, structures spatiales, tout ce qui contribue à la communication des sociétés politiques, tout ce qu’exprime l’idéel des individus et leur imaginaire, est ici passé au crible dans trois séries de rencontres dont les actes ont été rassemblés dans une collection, Le pouvoir symbolique en Occident (1300-1640).
Ces volumes, adoptant une perspective pluridisciplinaire et comparative dans une visée de long terme, combinent études de cas, analyses conceptuelles et réflexions plus théoriques. Et les réponses à ce questionnaire, issu d’une réflexion sur une histoire culturelle poursuivie sur plus de cinq siècles, remettent en cause une histoire de l’Occident latin où l’on opposerait Église et État : la mutation culturelle engendrée par la réforme grégorienne qui, tout en assurant d’abord le triomphe de la papauté, a donné à l’État moderne les moyens d’assurer sa propre légitimité en créant les conditions d’une révolution du système de communication. Elle engendre un partage du pouvoir symbolique et des processus de légitimation avec l’État : la capacité de ce dernier à se légitimer par le consentement de la société politique en dehors de la contingence religieuse est une spécificité de l’Occident latin, clé de l’essor des États modernes européens.Dynamiques du monde rural dans la conjoncture de 1300
Dynamiques du monde rural dans la conjoncture de 1300 : échanges, prélèvements et consommation en Méditerranée occidentale, M. BOURIN, F. MENANT, L. TO FIGUERAS éd., Rome, École française de Rome, 2014 (Collection de l’École française de Rome, 490).
Résumé
Crise conjoncturelle, crise structurelle, crise systémique ? Ces mots et les interrogations qu’ils portent reviennent sans cesse pour caractériser la situation actuelle des pays où le développement industriel est ancien. Pour les médiévistes, ils font écho à ceux si souvent utilisés pour caractériser, à une autre échelle de temps, séculaire, la fin de la période médiévale. Crise du féodalisme ? Crise malthusienne renvoyant aux angoisses actuelles d’une population mondiale impossible à nourrir ? Le jeu des comparaisons va jusqu’aux dettes de l’État que les rois tentaient de résoudre par les remuements monétaires. Pour expliquer la fin de la croissance médiévale et la genèse de cette « crise » aux environs de 1300, divers modèles ont été naguère proposés, qui généralisaient des situations régionales appartenant à l’Europe septentrionale ou moyenne. Mais plus récemment une autre histoire a été écrite, celle d’un monde transformé, voire bouleversé, par l’intensification des échanges. Autour de la Méditerranée, la richesse nouvelle des écritures notariales et judiciaires permet de scruter en détail, non plus seulement les villes brillantes qui avaient jusqu’ici focalisé l’attention, mais aussi les campagnes et ces nombreuses bourgades qui se sont multipliées aux XIIe et XIIIe siècles et constituent, aux environs de 1300, un dense réseau portant en profondeur la généralisation de l’échange.
Prenant la suite des travaux qui ont renouvelé l’histoire des disettes et mis en lumière leur lien avec l’urbanisation de l’Europe, ce volume fait ressortir une histoire complexe des campagnes méditerranéennes. Loin de subir la croissance démographique et le prélèvement seigneurial, nombre de ruraux ont innové, diversifiant leurs activités productives vers une agriculture et un artisanat ouverts sur les échanges, en une dynamique qu’accompagnait la multiplication des foires et des marchés. Le crédit et le service du prince ont offert à certains de nouvelles voies d’enrichissement, tandis que d’autres étaient à la peine. Une société plus différenciée qu’on ne le pensait a vu le jour.Rémunérer le travail au Moyen Âge
Rémunérer le travail au Moyen Âge. Pour une histoire sociale du salariat, P. BECK, P. BERNARDI et L. FELLER dir., Paris, Picard, 2014.
Résumé
Cet imposant ouvrage collectif rassemble les contributions de médiévistes européens et américains qui abordent la question du salaire au Moyen Âge et de la rémunération réelle du travail à travers l’ensemble de l’Europe. Ils traitent successivement de l’historiographie du salariat au Moyen Âge, de la désignation du paiement du travail, des formes de l’embauche et la composition du paiement, et enfin de l’évaluation des rémunérations. Cette question a longtemps été abordée sous l’angle exclusif de l’étude du binôme prix/salaire afin de traiter de la question du niveau de vie. Or, le salaire est aussi une question d’histoire sociale, qui relève d’une forme d’anthropologie économique. Il fournit en effet l’essentiel du revenu d’une partie importante de la population urbaine et d’une fraction non négligeable de la population rurale dès le XIIIe siècle. La négociation du salaire, son montant, les modalités de son versement structure la vie d’un nombre croissant de personnes, hommes et femmes. Ainsi, c’est au moment de l’embauche que se détermine le montant et la nature du salaire : selon que la négociation porte sur un prix ou sur des journées, sur une tâche ou sur du temps, les rapports entre employeurs et employés ne sont pas les mêmes. De même, la valeur de ce qui est offert en contrepartie du travail, qu’il s’agisse d’argent ou de prestations en nature, de même que les modalités du versement, varient d’un métier à un autre et d’une région à une autre. C’est de ces diversités que les auteurs se sont efforcés de rendre compte en décrivant les nombreuses approches de la rémunération à travers les différentes professions, milieux urbains ou ruraux, périodes concernées. L’importance de cet ouvrage, qui regroupe des historiens comme des spécialistes de l’histoire économique, en fera un ouvrage clef pour la compréhension de la question des rapports de travail dans l’Europe médiévale.
Hagiographies. Histoire internationale de la littérature hagiographique latine
Hagiographies. Histoire internationale de la littérature hagiographique latine et vernaculaire en Occident des origines à 1550, M. GOULLET et G. PHILIPPART dir., vol. 6, Turnhout, Brepols, 2014 (Corpus christianorum).
Résumé
An 'International History of the Latin and Vernacular Hagiographical Literature in the West from its Origins to 1550', published in eight volumes by some 60 historians and philologists from around the world, intended to serve as material for a general typology and for a comparative literary history of the hagiographical literatures.
Brèves d’Histoire
Brèves d’Histoire, P. BECK et P. BERNARDI éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 2014.
Résumé
La recherche historique en archives impose d’importants dépouillements jetant de manière fugace un éclairage sur des figures, des anecdotes qui n’étant pas centrales pour notre propos ne sont pas intégrées le plus souvent à l’étude. Ces tranches de vie sont tout ce qu’il reste, bien souvent, de la vie d’un homme ou d’une femme, d’êtres sans histoire – dont l’histoire ne peut être reconstituée. Mais ces bribes d’histoires, ces témoignages fugaces restent en mémoire. Les chercheurs les conservent dans leur mémoire, se les racontent. Ces bribes ont le pouvoir évocateur de brèves et résonnent un peu comme les « Je me souviens » de Georges Perec. C’est cette force d’évocation que les auteurs souhaitent proposer à un public plus large, comme témoignage de ces vies ordinaires mais également d’un aspect de la recherche, un arrière-plan fait pour partie d’émotions vis-à-vis de ce que l’on pourrait désigner comme un quotidien sensible. Le parti pris a été de demander à une dizaine de collègues de partager les brèves qu’ils conservaient dans leurs dossiers. Nous avons renoncé à les ordonner thématiquement, ce qui revenait à un début de traitement. Elles sont présentées de manière subjective, comme une série de choix opérés par les divers contributeurs.
Walter Benjamin l’affirmait : « Rien de ce qui s’est passé un jour ne doit être considéré comme perdu pour l’histoire. » Pas même les traces fugaces des anonymes, rebuts de la grande chronique. Elles sont comme des chutes d’archives, tombées au pied de l’établi des historiens. En voici qui, dans leur brièveté, disent quelques petits drames de la vie fragile au Moyen Âge.Les enquêtes de Saint Louis
Marie DEJOUX, Les enquêtes de Saint Louis, gouverner et sauver son âme, Paris, Puf, Le Nœud Gordien, 2014.
Résumé
Avant son départ à la croisade, en 1247, et jusqu’à sa mort, Louis IX fit recueillir les plaintes de ses sujets sur son administration et celle de ses officiers, afin de réparer matériellement celles qui seraient fondées. Entreprises de promotion du pouvoir royal, ces enquêtes répandirent l’image d’un roi juste et bon, qu’elles contribuèrent à faire connaître, sinon aimer. Tournées vers le gouvernement du royaume et l’affermissement du pouvoir royal, elles visaient aussi le salut du roi : destinées à racheter l’âme du roi en restituant quelques biens mal acquis, elles s’inscrivent profondément dans l’économie du salut médiévale. Très tôt considérées comme un monument de l’histoire de France, les quelque dix mille doléances conservées n’avaient pourtant jamais été analysées dans leur ensemble. Cet ouvrage en livre la première histoire intégrale et éclaire d’un jour neuf l’histoire judiciaire et politique du XIIIe siècle. En privilégiant les sources quotidiennes du gouvernement, il offre une lecture critique du règne de Saint Louis, trop souvent décrit au travers des récits destinés à sa canonisation : il donne à voir le roi et non le saint.
La grâce des juges
Robert JACOB, La grâce des juges. L’institution judiciaire et le sacré en Occident, Paris, PUF, 2014.
Résumé
En Occident, les relations de la justice divine et des justices humaines sont passées par deux phases, d’instrumentalisation d’abord, d’imitation ensuite. Dans la première, les hommes ont cru possible de solliciter Dieu lui-même pour dénouer leurs causes, à travers des procédures d’ordalie christianisées. Dans la seconde, qu’ont déterminée les mutations du Moyen Âge central, ils ont répudié le jugement de Dieu, entreprenant d’assumer seuls la fonction de juger. De ces transformations sont nées la configuration d’un sacré judiciaire original, comme l’exigence d’une justice indépendante du pouvoir politique. Mais des chemins divergents qui s’ouvrirent alors sont issues deux cultures juridiques très différentes : celle de la common law d’une part, celle des États de l’Europe continentale, de l’autre, qui ont reçu le modèle processuel que leur fournissait l’Église. L’ouvrage explore cette histoire longue, de l’intérieur, mais aussi du dehors, à travers le recours à une anthropologie mondiale des rites judiciaires. Il s’est nourri de comparatisme et porte une attention particulière à la civilisation chinoise, tant les histoires chinoise et occidentale reflètent des logiques radicalement dissemblables de construction de l’État et de la justice.
Marquer la ville
Marquer la ville. Signes, traces, empreintes du pouvoir (XIIIe-XVIe siècle) : actes de la conférence organisée à Rome en 2009, P. BOUCHERON et J.-P. GENET dir., Paris, Publications de la Sorbonne (Histoire ancienne et médiévale, 124).
Résumé
Signs and States, programme financé par l’ERC (European Research Council), a pour but d’explorer la sémiologie de l’État du XIIIe siècle au milieu du XVIIe siècle. Textes, performances, images, liturgies, sons et musiques, architectures, structures spatiales, tout ce qui contribue à la communication des sociétés politiques, tout ce qu’exprime l’idéel des individus et leur imaginaire, est ici passé au crible dans trois séries de rencontres dont les actes ont été rassemblés dans une collection, Le pouvoir symbolique en Occident (1300-1640). Ces volumes, adoptant une perspective pluridisciplinaire et comparative dans une visée de long terme, combinent études de cas, analyses conceptuelles et réflexions plus théoriques. Et les réponses à ce questionnaire, issu d’une réflexion sur une histoire culturelle poursuivie sur plus de cinq siècles, remettent en cause une histoire de l’Occident latin où l’on opposerait Église et État : la mutation culturelle engendrée par la réforme grégorienne qui, tout en assurant d’abord le triomphe de la papauté, a donné à l’État moderne les moyens d’assurer sa propre légitimité en créant les conditions d’une révolution du système de communication. Elle engendre un partage du pouvoir symbolique et des processus de légitimation avec l’État : la capacité de ce dernier à se légitimer par le consentement de la société politique en dehors de la contingence religieuse est une spécificité de l’Occident latin, clé de l’essor des États modernes européens.
Expertise et valeur des choses (1)
Expertise et valeur des choses. (1) Le besoin d’expertise, C. DENJEAN et L. FELLER éd., Madrid, Casa de Velázquez, 2013 (Collection de la Casa de Velazquez, 139).
Résumé
Au carrefour entre l’histoire économique et de l’historie culturelle, cet ouvrage propose une réflexion collective sur le besoin d’expertise à l’époque médiévale. Les prises de décision devaient parfois être éclairés par des hommes qui maîtrisaient mieux que d’autres les domaines en cause et étaient de ce fait en mesure de leur proposer des solutions. Cela est particulièrement vrai lorsque des questions techniques ou éthiques étaient soulevées et que des choix devaient être faits à partir de l’argumentation d’un expert. La qualité des produits, les processus de fabrication ou la mesure de leur valeur donnaient lieu à des contrôles pour lesquels il fallait des personnels à la fois compétents et forts d’une notoriété reconnue par les autorités publiques : il s’agissait d’éviter ou de réprimer les fraudes, de défendre l’honneur de la ville ou celui du métier et de défendre le bien commun en garantissant le produit. Tout au long de la période, ont été développées des pratiques juridiques et techniques, autour de ces questions reposant sur la reconnaissance des savoirs et des compétences des experts, figure particulière désignée par la puissance publique. Ce livre propose une approche originale des problématiques et des questionnements rarement -voire jamais- appliqués au champ de la vie économique au Moyen Âge.
La terre
La terre. Connaissance, représentations, mesure au Moyen Âge, P. GAUTIER DALCHÉ, C. DELUZ, N. BOULOUX, E. VAGNON, C. GADRAT-OUERFELLI, P. FERMON, A. QUERRIEN, Turnhout, Brepols, 2013.
Résumé
Comment le Moyen Âge a-t-il appréhendé l’espace géographique ? Un très grand nombre de témoignages textuels et figurés subsistent. Mais ils sont difficiles à interpréter ; ils donnent souvent lieu à anachronisme ou sont négligés parce qu’ils n’exprimeraient qu’une culture livresque et des préoccupations symboliques.
Le but de ce manuel est de montrer la richesse, la variété et le caractère opératoire des réflexions médiévales sur l’espace géographique. Une première partie développe une histoire des représentations en lien avec les transformations des conditions culturelles générales, depuis le haut Moyen Âge qui recueille l’héritage de la science antique jusqu’à l’humanisme géographique et aux premières manifestations de l’expansion européenne. Suit une anthologie de documents souvent inédits ou peu connus, commentés et classés selon un parcours allant de la place de la Terre dans le cosmos à la technique de la mesure des parcelles, en passant par les réflexions des savants médiévaux sur l’espace habité et la fonction des cartes, la cartographie des espaces maritimes, le voyage comme moyen de connaissance, la cartographie locale et régionale.
Les analyses s’efforcent de ne plaquer sur les documents aucun a priori épistémologique ou interprétatif. Les liens entre ces différents champs ainsi qu’entre théorie et pratique sont constamment soulignés, permettant une approche globale des réflexions médiévales sur l’espace terrestre.
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2020
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CEHTL
Les Cahiers électroniques d’histoire textuelle du LAMOP (CEHTL)
Responsables de la publication : Benoît GREVIN, Chris FLECHER, Aude MAIREY et Emmanuelle VAGNON
Comité de lecture : « peer review »
Langues de publication : français et anglais
Présentation : Les Cahiers Electroniques d’Histoire Textuelle du LaMOP (CEHTL) sont une revue électronique au rythme de parution annuel, publiés entre 2008 et 2017. Ils sont nés du désir de pérenniser les acquis des Journées d’histoire textuelle du LaMOP organisées entre 2001 et 2017 par l’équipe de l’Institut d’histoire textuelle de Villejuif. Les journées d’histoire textuelle du LaMOP tentent de proposer une vision unitaire de problématiques d’histoire textuelle médiévale souvent traitées séparément par les chercheurs en fonction de leurs sensibilités historiques ou littéraires, linguistiques ou philologiques. À partir de l’année 2008, il a été demandé aux chercheurs de prolonger leur participation par la rédaction d’un article, sur la base du volontariat. Une première mise en ligne de quatre contributions correspondant aux journées de mars 2008 n’avait pas fait l’objet d’un véritable travail d’édition. La refonte du site internet du Laboratoire de Médiévistique de Paris en 2009-2010 a été l’occasion de définir des normes rendant possibles la création de véritables actes électroniques. Les Cahiers Electroniques d’Histoire Textuelle du LaMOP, libellés à partir d’un numéro 1 correspondant à l’année 2008, se présentent comme le reflet souple des journées d’histoire textuelle du LaMOP – ou de toute rencontre d’histoire textuelle organisée par le LaMOP en lieu et place des « journées » pour une année donnée. Une introduction succincte garde la mémoire de l’organisation concrète de la manifestation à laquelle correspond le numéro, en précisant le nombre et le nom des communications initiales, la responsabilité scientifique, la problématique. Elle est suivie des contributions effectivement rassemblées, relues à partir du numéro 3 (2010) par un comité de lectures composé de trois membres du LaMOP et trois membres externes.
The “Cahiers Electroniques d’Histoire Textuelle du LaMOP” (CEHTL) was an electronic journal, appearing annually between 2008 and 2017. It has emerged from the desire to make available over the long term the results of the conferences in textual history which have been organised at LaMOP each year since 2001 by the team based at the Institut de Traditions Textuelles, Villejuif. These one- or two-day workshops aspire to an integrated approach to problems of textual history which are often treated separately by researchers, according to their own historical, literary, linguistic or philological interests. From 2008, researchers have been asked on a voluntary basis to prolong their participation in the form of an article. The first four articles placed online in March 2008 were not submitted to a full editorial process, but the redesign of the internet site of the Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris I in 2009-10 provided the occasion to define the site’s editorial and presentational norms and so to create a true online collection of ‘actes’. The “Cahiers Electroniques d’Histoire Textuelle du LaMOP”, numbered from 2008 onwards, hope to provide a useful record of these workshops in textual history, or of any meeting concerned with textual history organised in their place in a given year. A succinct introduction serves as a reminder of the concrete organisation of the event which corresponds with that issue, specifying the number and titles of the papers presented on that occasion, the organising committee and the research themes of the workshop. This is followed by the papers which were finally submitted for publication. These have been reviewed, from issue 3 (2010) onwards, by a committee consisting of three members of LaMOP and three external scholars.
Outre les numéros archivés ci-dessous, nous renvoyons aussi à :
- Benoît Grévin et Aude Mairey (dir.), Le Moyen Âge dans le texte. Cinq ans d’histoire textuelle au Laboratoire de Médiévistique occidentale de Paris, Paris, Publications de la Sorbonne, 2016.
- Emmanuelle Vagnon et Christopher Fletcher (dir.), Le Moyen Âge dans le texte, 2, Au-delà de l’écrit, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2021.-
2017
Numéro 10 (2017)
Écrits, langages et cultures du commerce
Les pratiques commerciales médiévales, comme à d’autres époques, ont été productrices de textes qui sont aujourd’hui autant de sources pour les historiens. Cette documentation a longtemps été utilisée, et l’est toujours, pour une histoire économique du Moyen Âge, une histoire faite de chiffres, de productions, de croissances et de crises. Mais il est également possible de considérer ces sources comme des discours que l’on peut analyser pour leur portée sociologique, culturelle et politique.
Inversement, dans l’analyse de la culture politique, les historiens ont eu tendance à négliger ces textes de marchands, n’exploitant pas réellement la spécificité de l’expression de ce groupe social, ou la confondant avec les discours issus de l’élite urbaine ou seigneuriale. Les sources qui concernent les marchands sont en réalité variées et ne se limitent pas à une documentation économique : on peut penser notamment à l’abondante documentation épistolaire, aux contrats commerciaux et d’assurance, aux requêtes en justice concernant les marchands, aux ordonnances et aux serments.
On peut d’autre part suggérer que la documentation marchande a une dimension linguistique qui lui est propre. Les milieux marchands possèdent dès l’antiquité des spécificités linguistiques (tendance à la polyglossie professionnelle) et sont potentiellement inventeurs et diffuseurs de techniques textuelles (formes de comptabilités, listes, classifications d’objet…). La langue marchande véhicule également une partie du vocabulaire technique et de description du monde.
Les textes présentés ici, issus de la journée d’étude organisée au LAMOP le 16 février 2017, interrogent ainsi à travers divers exemples les dimensions linguistiques, textuelles et rhétoriques propres aux sources marchandes.
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Medieval Commercial Languages, Cultures and Writing Practices
Commercial practices in the Middle Ages, as at other times, produced texts which are now taken especially as so many sources for historians. This documentation was used for a long time, and is still used to do, to write the economic history of the Middle Ages, a history made up of figures, of production, of periods of growth and of periods of crisis. Yet it is also possible to consider these sources as a set of discourses which can be analysed for their sociological, cultural and political significance.
On the other hand, historians of political culture have tended to neglect merchant texts, and have failed to take into account adequately the specificity of the forms of expression which come from this group, simply aligning them with discourses issuing from urban or seigneurial elites. Merchant sources are in fact far more varied than this. They are not limited to simple economic records, for example in the abundant surviving merchant letters, in commercial and insurance contracts, in petitions to justice concerning merchants, in ordinances and in oaths.
It can also be suggested that the documentation associated with trade has a linguistic dimension which is particular to it. From classical antiquity merchant milieus show linguistic specificities (the tendency to develop a professional multiplicity of languages, for example) and are potential inventors and diffusers of textual techniques, for example accounting practices, lists and classification of objects. Merchant language also provides a vector for technical vocabulary and for forms of description of the world.
The texts published here, first presented at a one-day conference held at LaMOP on 16 February 2017, thus consider the linguistic, textual and rhetorical specificities of merchant sources in a variety of case studies.
Sommaire
- Laurent FELLER, Introduction.Entre raison pratique et raison mémorielle, note sur les écritures du commerce. (PDF, 259ko)
- Jérôme HAYEZ, La difficile émergence des écrits marchands parmi les sources des médiévistes. (PDF, 385ko)
- Ingrid HOUSSAYE MICHIENZI et Judith OLSZOWY-SCHLANGER, Échanges marchands et pratiques langagières : la communication entre chrétiens, juifs et convertis à Majorque vers 1400. (PDF, 4,07Mo)
- Damien COULON, Perceptions spatiales et éléments de culture des marchands catalans à travers le prisme des contrats notariés. (PDF, 349ko)
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2016
Numéro 9 (2016)
Décrire la ville
Comment décrit-on la ville au Moyen Âge ? De nombreuses études se sont intéressées aux représentations iconographiques, mais il est moins fréquent de réfléchir sur les descriptions textuelles des villes et leurs significations.
Les travaux d’histoire urbaine s’interrogent toujours en préambule sur la définition même d’une ville au Moyen Âge. Que considérait-on alors comme une véritable ville et à partir de quels critères ? S’il est si difficile de donner une réponse claire et univoque, c’est précisément parce que les témoins médiévaux eux-mêmes ont différents points de vue sur cette question, selon leur origine et les relations qu’ils ont avec l’espace urbain.
Une première approche consiste à se demander si les descriptions renvoient à une réalité matérielle, qui peut par exemple servir de point de départ à des recherches archéologiques ou d’histoire de l’art et de l’architecture. Nombre de descriptions en effet définissent l’emplacement des principaux monuments, de la voirie, des marchés, des paroisses, des cimetières, et aussi, ne l’oublions pas, des espaces agricoles –vergers, jardins, champs-insérés dans la ville.
Or la ville ne se définit pas seulement par son espace, mais aussi par ses habitants. Les descriptions des villes sont structurées à la fois par des réalités physiques, par des lieux communs (applicables à toutes les villes), et par le point de vue de l’observateur. Les descriptions des villes sont l’expression des habitants eux-mêmes, du regard qu’ils portent sur leur environnement, mais cela peut être aussi un regard extérieur, celui d’un voyageur qui découvre la ville et en donne les caractéristiques qui frappent son regard, qui attirent sa curiosité, celui d’un marchand qui y vient régulièrement pour ses affaires, celui d’un officier ou d’un seigneur.
Être de la ville ou ne pas en être change le regard qu’on porte sur elle. En effet, la description d’une ville est une question d’identité : la description assigne à la ville une identité, une personnalité, par des monuments emblématiques (tour, pont, monastère, beffroi…), mais aussi par la définition d’un espace circonscrit – souvent par des remparts- où se définissent des statuts juridiques (bourgeois ou non), des droits, des redevances.
Enfin, les descriptions des villes relèvent d’un genre littéraire, qui mobilise des archétypes urbains. Il y a des éléments communs à toutes les villes médiévales, qui peuvent être réutilisés en fonction des contextes pour une ville réelle, mais aussi pour les villes imaginaires ou mythiques qui parsèment la littérature. De Jérusalem à Troie, de Rome à Babylone, ce sont les mêmes mécanismes descriptifs qui sont sollicités par les auteurs des textes.-----------
How were towns described in the Middle Ages? Although much work has been devoted to iconographical representations, it is less common to consider textual descriptions of towns and their meanings.
Almost every general work of urban history begins with an introductory discussion of how one can define a town in the Middle Ages. What did one consider to be a real town and on the basis of what criteria? If is so difficult to give a clear and straightforward answer to this question, it is in part because medieval writers themselves had different opinions on the matter, depending both on where they were from and the relations which they had with urban space.
One initial approach is first to ask to what extent the written descriptions we possess refer back to a material reality, for example as the point of departure for archaeological research or for the history of art or architecture. Many descriptions do indeed describe the location of a town's principal monuments, of the roads, the markets, the parishes, the cemeteries and also, lest we forget, agricultural spaces – meadows, gardens, fields – integrated into the town.
But the town is not only defined by its space, but also by its inhabitants. The descriptions of towns are structured at the same time by physical realities, by commonplaces which are applicable to all towns, and by the point of view of the observer. Descriptions of towns sometimes arise from the inhabitants themselves, from their view of their environment, but they could also be the result of an exterior viewpoint, for example that of a traveller who encounters a town for the first time, describing those characteristics which attract attention or curiosity, or might be tempered by the particular perspective of a merchant who came regularly for business, say, of a royal or seigneurial officer, or of a lord.
Whether one came from a town or not changed the view that one had of it. Indeed, the description of a town is often a question of identity: the description ascribes the town an identity, a personality, through his emblematic monuments (tower, bridge, monastery, belfry...) but also through the circumscription of a defined space – often by walls – around which legal status, rights and customs were fixed.
Finally, descriptions of towns were also a literary genre, which mobilises urban archetypes. There are common elements in all medieval towns, which could be remobilised in different contexts for real towns, but also for imaginary or mythical towns which one finds scattered through medieval literature. From Jerusalem to Troy, from Rome to Babylon, the same descriptive mechanisms were brought to bear by the authors of these texts.Sommaire
- Cléo RAGER, Lieux urbains et lieux communs : Évaluer les descriptions de ville dans les mémoires urbains, l’exemple de Troyes (XVe siècle) (PDF, 285ko)
- Daniela CASO, L’éloge de la ville d’Athènes à Florence : sur les résonances entre le Panathénaïque d’Aelius Aristide et la Laudatio florentinae urbis de Leonardo Bruni (PDF, 290ko)
- Lisa DEMETS et Jan DUMOLYN, La ville comme Sainte Vierge. Un aspect de l’idéologie urbaine en Flandre médiévale (fin du XIVe siècle – début du XVIe siècle) (PDF, 299ko)
- Lucie MALBOS, Portus, vici, emporia, mercimonia, castra, urbes… : des perceptions contrastées des sites portuaires en Europe du Nord-Ouest (VIIe-Xe siècle) ? (PDF, 243ko)
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2015
Numéro 8 (2015)
Genre textuel, genre social
Les études du genre dans le champ des Medieval Studies ont longtemps été marquées, depuis leurs débuts dans les années 1970, par une étroite collaboration entre les chercheurs littéraires et les historiens. Dans la continuité du travail de l’histoire des femmes, on mesurait l’importance des conceptions théologiques, philosophiques, juridiques ou médicales de la différence des sexes dans la pratique sociale autant que dans les textes littéraires. Ce désir d’analyser à la fois l’idéologie et les pratiques a été maintenu lorsque les études du genre ont commencé à se pencher sur les hommes et les « masculinités » aussi, à partir des années 1990. Toutefois, depuis la fin du XXe siècle, de telles approches interdisciplinaires ont souvent été remises en question : d’un côté, par un retour en quelque sorte derrière les barricades des approches socio-historiques, de l’autre, des approches littéraires ou culturelles. L’histoire du genre, lorsqu’elle se concentre sur des cas spécifiques, a eu souvent tendance à souligner les limites d’une approche centrée sur l’idéologie. Des veuves qui reprenaient l’atelier de leur mari défunt jusqu’aux femmes nobles et aux reines qui exerçaient un pouvoir réel malgré l’idéologie qui les auraient exclues, on voyait des femmes qui avaient des véritables possibilités d’action, du véritable agency. Les hommes d’église, les bourgeois ou des paysans n’étaient finalement pas si contraints, peut-être, par les valeurs masculines les plus évidentes de la culture médiévale, qui s’appliqueraient surtout à la noblesse. En même temps, certains chercheurs littéraires ont souligné la réalité indépendante de l’histoire culturelle, des œuvres littéraires et de la langue, trouvant que des analyses socio-historiques des textes littéraires (en termes de gender entre autres) risquaient d’être aussi réductrices que des approches naïvement matérialistes caractéristiques de certaines lectures marxisantes. Et si l’idéologie genrée existait simplement dans un autre monde, un monde textuel sur lequel les historiens de la société n’auraient pas besoin de trop s’attarder ?
Cette journée d’études a tenté d’aller à contre-courant de ces mouvements anti-interdisciplinaires en réunissant des chercheurs, qu’ils soient historiens de la société ou littéraires, qui essaient de développer des méthodes permettant de naviguer entre normes, discours et pratiques sans réduire les uns à des simples fonctions des autres. En particulier, cette journée réunit des chercheurs, travaillant en France et au Royaume-Uni, qui tentent de trouver d’autres moyens d’allier le genre (et le gender) textuel au genre social, et ce de deux manières principales : en étudiant comment les pratiques peuvent incarner également des idéologies ; et en considérant le discours genré, ni comme un code extérieur à la société, ni comme une simple représentation de la vie sociale, mais comme un ensemble de pratiques sociales parmi d’autres.-----------
From the moment the concept of gender began to emerge as an important theme in medieval studies in the 1970s, its application has been marked by close collaboration between historians and literary scholars. A central concern from early on, part of the inheritance of women’s history, was to consider the importance or otherwise of theological, philosophical, legal or medical conceptions of sexual difference as much in social practice as in literary texts. The desire to analyse ideology and practice simultaneously was still very much present when gender studies started to consider men and masculinities in the 1990s. Since the end of the twentieth century, however, such interdisciplinary approaches have come under pressure from both sides of conventional disciplinary boundaries, from researchers who favour either socio-historical or literary and cultural approaches. The history of gender, when it had considered to specific cases in detail, has tended to underline the limitations of an approach centred on ideology. From the widows who took over the workshop of their husband to the noble women and queens who exercised political power despite their theoretical exclusion from legitimate government, historians have pointed to women who had real possibilities of action and real ‘agency’. In the case of men and masculinities, it might be argued that churchmen, townsmen and peasants were not perhaps as constrained by the most explicit dictates of medieval manhood, which applied most clearly to the nobility. At the same time, literary scholars, after a time in which ‘new historicist’ approaches were dominant, increasingly underline the independent realities of cultural history, of literary works and of language, considering that socio-historical interpretations (in terms of gender amongst other things) might be seen to be as reductive as the naïvely materialist readings of earlier Marxian critics. What if gendered ideology simply existed in another sphere, a textual sphere which social historians could safely leave to literary scholars?
This workshop aimed to counter some of these anti-interdisciplinary movements by bringing together researchers, both social historians and literary scholars, who pursue methodologies which make it possible to find our way amongst norms, discourses and practices without reducing any one of them to a simple function of the others. In particular, this workshop brought together scholars based in France and in the UK who follow approaches which bring together social and textual gender, and this in two main ways: by studying how practices can also embody ideologies; and by understanding gendered discourse neither as a code exterior to society, nor as a simple representation of social life, but as one ensemble of social practices amongst many.Sommaire
- Aude MAIREY, Hoccleve et Lydgate étaient-ils antiféministes ? (PDF, 326ko)
- Cordelia BEATTIE, Servantes, femmes et veuves : lire le genre dans les suppliques féminines à la cour de la chancellerie anglaise à la fin du Moyen Age (PDF, 301ko)- Michelle BUBENICEK, Femmes criminelles, femmes victimes devant la justice. Une parole au féminin ? (PDF, 215ko)
- Miriam MÜLLER, Le genre en théorie et en pratique : le statut des femmes, la question des espaces genrés, publics et privés dans le village anglais médiéval (PDF, 300ko)- Christopher FLETCHER, Masculinité et religion chrétienne dans le Livre de Seyntz Medicines de Henri de Grosmont, duc de Lancastre » de Henri de Grosmont, duc de Lancastre (PDF, 230ko)
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2014
Numéro 7 (2014)
Pour une histoire de l’espace au Moyen Âge. Textes et cartes
La recherche sur l’espace médiéval se développe aujourd’hui selon plusieurs axes complémentaires, en histoire comme en archéologie. Les sources textuelles en constituent le socle commun, dans leur diversité : documents d’archive, traités géographiques ou techniques ou encore descriptions médiévales de régions et de sites, récits de voyage. Or, l’historien de l’espace médiéval, dans ses pratiques et ses concepts, ne peut faire l’impasse sur la question des représentations figurées. Dans quelle mesure la description médiévale de l’espace, et en particulier les cartes, peuvent constituer une source, ou devenir un outil de travail, pour les historiens ? La journée d’étude de décembre 2014 avait permis de confronter deux approches complémentaires : l’une de ces approches considère l’espace dans des pratiques quotidiennes reconstituées par des cartes de synthèse réalisées par les historiens aujourd’hui ; l’autre s’intéresse à l’espace pensé et décrit au Moyen Âge par des textes et des représentations qu’il convient de replacer dans leur contexte de réalisation et d’usage. Les articles rassemblés ici explorent surtout la deuxième approche, et montrent, par différents exemples, comment certaines sources textuelles médiévales constituent les témoignages d’une réflexion aboutie sur l’espace et établissent des liens étroits entre la description géographique et sa représentation cartographique.
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For a History of Space in the Middle Ages : Using Texts and Maps Current research on space in the Middle Ages has developed along a number of complementary trajectories, in history as in archaeology. Textual sources are their common point of intersection, in all their diversity : archival documents, geographical or technical treatises, medieval descriptions of particular regions or sites, travel narratives, to name but a few. Yet historians of space in the Middle Ages cannot ignore, either in practice or in theory, the question of figurative representations. How far can medieval descriptions of space, and in particular maps, be used as a source, or become a working tool, for historians ? The research workshop held in December 2014 made it possible to confront two complementary approaches. One of these approaches comes to space from the point of view of everyday practices reconstituted by means of maps constructed by modern historians. The other concerns space conceived of and described in the Middle Ages by means of texts and representations which need to be situated in the context of their creation and use. The articles brought together here concentrate on the second approach, and show, through different examples, how certain medieval textual sources can serve as evidence of a developed reflection about space, whilst at the same time establishing close links between geographical description and its cartographical representation.
Sommaire
- Nathalie BOULOUX, Carte marine et culture visuelle chez Giovanni Villani et Fazio degli Uberti (PDF, 284ko)
- Christine GADRAT-OUERFELLI, L’espace adverse : descriptions de l’Orient au début du XIIIe siècle (PDF, 198ko)
- Leonie V. HICKS, Recreating medieval spatial understanding and meaning at the abbey of Le Bec-Hellouin, Normandy (PDF, 169ko)
- Emmanuelle VAGNON, Décrire et illustrer les ports de la Méditerranée et de l’Atlantique (début du XVIe siècle) (PDF, 5,34Mo) -
2013
Numéro 6 (2013)
Le poème et l'historien
La forme poétique innerve une grande partie de la culture, par conséquent de la documentation médiévale. Que les poèmes soient écrits en latin ou en langue vulgaire, ils posent nombre de problèmes spécifiques à l’historien, car ils représentent par excellence une source dont l’examen formel et l’approche sont dominés par des problématiques littéraires. Qu’apporte alors l’historien à l’étude des poèmes médiévaux ? Inversement, que représente un poème pour l’historien, quelle méthodologie doit-il développer pour exploiter cette documentation ? Doit-on se contenter de confronter approches historiques et littéraires, ou faut-il réfléchir à des formes plus étroites d’interdisciplinarité ? Ce sont quelques-unes des questions qui ont été abordées le 28 novembre 2013 dans une journée qui réunissait littéraires et historiens, autour de textes poétiques composés principalement en Italie et en Angleterre, au haut ou au bas Moyen Âge. À travers quatre cas d’études, des épopées historiques latines du haut Moyen Âge italien aux églogues humanistes en passant par les contes de Chaucer ou les poèmes à la gloire de la gentry anglaise aux XIVe-XVe siècles, c’est toute la question du traitement de la forme et de la documentation poétique par l’historien qui est ici reposée.
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Poetic form penetrates a large proportion of medieval culture, and hence of medieval textual materials. Whether poems are written in Latin or in the vernacular, they present a number of specific problems for the historian, since they represent the example par excellence of a source whose formal analysis and interpretation are dominated by literary questions. What can the historian bring to the study of medieval poetry ? And, on the other side of the coin, how is the historian to approach a poem, what methodology must be developed to make use of this kind of textual material ? Is it enough to contrast historical and literary methods, or can we create a more truly interdisciplinary approach ? These are some of the questions which were raised on the 28 November 2013, in a workshop which brought together literary scholars and historians, to consider poetic texts composed principally in Italy and in England, from the early to the later Middle Ages. Through four case studies, from the Latin historical epics of the early Middle Ages in Italy, to humanist eclogues, by way of Chaucer’s Canterbury Tales and poems composed for the English gentry in the fourteenth and fifteenth centuries, the whole question of how historians might take into account form, and how they ought to use poetic materials, was once more considered.
Sommaire
- Isabel DAVIS, « Histoire et poésie : la Femme de Bath de Geoffrey Chaucer et la comédie de l’allégorie eschatologique » (PDF, 374ko)
- Frédéric DUPLESSIS, « Nam cuncta nequit mea ferre Thalia. Traitement de la matière historique par un panégyriste du Xe siècle » (PDF, 369ko) ; annexe (PDF, 60,8ko)
- Chloe MORGAN, For my poyntel so rude ys […] yt can nought grave : John Metham’s Amoryus and Cleopes and the Stapletons of Ingham (PDF, 279ko)
- Clémence REVEST, « L’historien au pays des Muses. Quelques aperçus d’une source négligée, les carmina du premier humanisme (c. 1380-1430) » (PDF, 255ko) -
2012
Numéro 5 (2012)
L’écriture pragmatique. Un concept d’histoire médiévale à l’échelle européenne
Vingt ans après le collectif Pragmatische Schriftlichkei, le concept d’écriture pragmatique s’est imposé dans le champ de l’histoire des pratiques textuelles médiévales. Mais au-delà d’un usage désormais convenu pour qualifier et valoriser tout un spectre de sources écrites, qu’entend-on exactement quand on parle d’écriture(s) pragmatique(s) ? La popularisation de la notion a-t-elle conduit à son évidement, ou à sa dilution dans un champ trop vaste ? Son succès est-il dû à son efficacité heuristique ? Pour tenter de répondre à ces questions, et d’en soulever quelques autres, le Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris a organisé le 12 avril 2012 une journée-débat, centrée autour de la comparaison des usages de la notion dans quatre grands champs de recherche médiévale européenne : l’Italie, l’espace germanophone, la France et le Royaume-Uni. On trouvera ici un ensemble de quatre textes (I. Bretthauer, H. Dewez, H. Lacey et I. Lazzarini) reflétant la partie des échanges qui a porté sur les usages de la notion en France, au Royaume-Uni et en Italie, ainsi que le lien directif vers un compte rendu circonstancié de l’intégralité des débats rédigé par Sébastien Barret et Dominique Stutzmann.
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Pragmatic Writing. A Concept in Medieval History on a European Scale. Twenty years after the collective project Pragmatische Schriftlichkiet, the concept of pragmatic writing is well established in the field of the history of medieval textual practice. But beyond a now accepted usage which can be used to denote and promote a broad variety of written sources, what do we mean exactly by ‘pragmatic literacy’, or even ‘pragmatic literacies’ ? Has the popularisation of this notion hollowed it out, or diluted it in too vast a field ? Is its success due to its interpretative usefulness ? In an effort to answer these questions, and to raise a number of additional ones, the Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris organised a day of debates on 12 April 2012, centred on the comparison between usages of this concept in current medieval research in four European areas : Italy, the German-speaking world, France and Great Britain. Reproduced here are four texts (by I. Bretthauer, H. Dewez, H. Lacey and I. Lazzarini) which reflect the exchanges which took place over the use of this notion in France, Britain and in Italy, as well as a link to an account of the entirety of the debates compiled by Sébastien Barret and Dominique Stutzmann.
Sommaire
- Isabelle BRETTHAUER, « La notion d’écriture pragmatique dans la recherche française du début du XXIe siècle » (PDF, 164ko)
- Harmony DEWEZ, « Réflexions sur les écritures pragmatiques » (PDF, 161ko)
- Helen LACEY, Pragmatic Literacy and Political Consciousness in Later Medieval England (PDF, 233ko)
- Isabella LAZZARINI, « De la ‘révolution scripturaire’ du Duecento à la fin du Moyen Âge : pratiques documentaires et analyses historiographiques en Italie » (PDF, 234ko) -
2011
Numéro 4 (2011)
L’absence de texte
Avec quelles absences, carences, discontinuités textuelles le médiéviste doit-il compter ? La question ne conditionne pas seulement le travail de reconstitution historique, en restreignant les possibilités de l’enquête en fonction de la sélection arbitraire opérée par le temps. Elle est à la base de la définition des méthodes de recherche dans la plupart des sous-champs dont la réunion forme notre discipline. À travers le problème de la disparition ou de la discontinuité de séries archivistiques, de la dialectique texte/absence de texte pour l’histoire matérielle et des techniques, de l’obsession de l’archétype dans la reconstruction textuelle, ce dossier tente d’explorer les différentes stratégies mises en œuvre par la recherche pour contourner ou apprivoiser cette omniprésente absence du texte.
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The absence of the text. What particular textual absences, deficiencies or discontinuities does the medievalist have to face ? This question does not only influence the work of historical reconstitution by limiting the possible inquiries as a result of the arbitrary selection which takes place over time. It is also fundamental to the definition of the research methods in most of the scholarly subdivisions which make up our discipline. The articles in this issue consider the different strategies which can be used by researchers in order to avoid or reduce the consequences of the ever-present absence of the text by considering : the problem of the disappearance or discontinuity of archival series ; the dialectic between text and the absence of text in material history and the history of techniques ; and the obsession with the archetype in the reconstitution of texts.
Sommaire
- Philippe BERNARDI, « Les à-côtés de l’écrit. Réflexions sur les modalités de la commande artisanale » (PDF, 151ko)
- Gian LUCA BORGHESE, « L’ombre portée d’archives disparues. Travailler sur le Royaume de Naples après la destruction des Registres angevins (30 septembre 1943) » (PDF, 166ko)
- Taku KUROIWA, « Notes sur l’apparition des vers isolés dans les imprimés des textes dramatiques médiévaux : le cas de la deuxième édition Trepperel de Maistre Pierre Pathelin » (PDF, 184ko)
- Stéphane PÉQUIGNOT, « ‘No hay nada’ ou ‘la Catalogne, source intarissable’ ? Réflexions sur une expérience de recherche entre abondance et absence d’archives » (PDF, 248ko) -
2010
Numéro 3 (2010)
Les usages sociaux de la Bible, XIe- XVe siecles
Il n’est plus nécessaire d’établir des ponts entre l’étude de la Bible et l’histoire médiévale. Tout en continuant à faire l’objet d’études spécialisées justifiées par son statut textuel à l’intersection des études exégétiques, théologiques, littéraires et historiques, la Bible est désormais envisagée comme l’une des plus importantes, sinon la plus importante des formes innervant la production de l’écrit médiéval, mais aussi conditionnant nombre de pratiques sociales dans le temps long du Moyen Âge. La multiplicité des problèmes posés par l’analyse de l’interaction entre ce corpus textuel et la société impose de réfléchir à l’articulation des différentes pratiques scientifiques recouvertes par le concept d’études bibliques avec le travail de l’historien. Un premier problème est posé par l’évolution de ces corpus en interaction avec la société. Au-delà de cet enjeu fondamental, on a souhaité envisager, dans la lignée du renouvellement des études de la Bible comme objet d’histoire globale (cf. dernièrement pour le monde anglo-saxon Susann Boynton-Diane J. Reilly éd., The Practice of the Bible in the Middle Ages : Production, reception and Performance in Western Christianity, Columbia University Press, 2011) ces usages sociaux de la Bible médiévale sous différents aspects, de la production matérielle à l’exploitation politique, en passant par la spéculation linguistique et philosophique. Quatre problématiques structurent cette enquête : les mutations codicologiques et formelles de la Bible, en tant que problème d’histoire du livre et d’histoire sociale ; les stratégies de mémorisation ; le rôle de stimulus conceptuel ; l’articulation entre la réflexion théologique, sa traduction idéologique et son instrumentalisation politique.
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The Social Uses of the Bible in the Middle Ages from the 10th to the 15th century. It is no longer necessary to build bridges between the study of the Bible and medieval history. Although it continues to be the object of specialised studies justified by its status as a text at the intersection of exegetical, theological, literary and historical studies, the Bible is now also considered as one of the most important, if not the most important of the forms which furnished the sinews of written production in the middle ages, all whilst also conditioning a number of social practices over the long term throughout this period. The multiplicity of problems which arise in the analysis of the interaction between this textual corpus and society make it necessary to consider how the different scholarly practices covered by the concept of biblical studies might be integrated with the work of the historian. One initial problem is posed by the question of the evolution of these corpora in interaction with society. Beyond this fundamental question, in the vein of the renewal of the Bible studies as object of global history (see recently, for the anglo-saxon world, Susann Boynton-Diane J. Reilly ed., “The Practice of the Bible in the Middle Ages : Production, reception and Performance in Western Christianity”, Columbia University Press, 2011), it was felt desirable to consider the social uses of the medieval Bible from a number of different perspectives, from material production to political exploitation, whilst considering also linguistic and philosophical speculation. These questions were approached from four points of view : changes in the form and codicology of the Bible, as a problem of both the history of the book and of social history ; strategies of memorisation ; the role of conceptual stimulus ; the links between theological reflection, ideologically motivated translation and political instrumentalisation.
Sommaire
- Lucie DOLEŽALOVA, « Mémoriser la Bible au bas Moyen Âge ? Le Summarium Biblicum aux frontières de l’intelligibilité » (PDF, 4,27Mo)
- Aude MAIREY, « “Pour la charité et le commun profit” : Bible, hérésie et politique en Angleterre » (PDF, 191ko)
- Chiara RUZZIER, « Des armaria aux besaces. La mutation de la Bible au XIIIe siècle » (PDF, 299ko)
- Tamás VISI, Philosophy as a Symbolic Institution in Medieval Judaism : Sacred Texts and Social Control (PDF, 298ko)
- Lila YAWN, The Italian Giant Bibles, Lay Patronage, and Professional Workmanship (11th-12th centuries) (PDF, 727ko) -
2009
Numéro 2 (2009)
Reflets de « code-switching dans la documentation médiévale ? »
Les médiévistes sont souvent confrontés dans leurs analyses textuelles au saut d’une langue à l’autre à l’intérieur d’un même texte. Quand l’interférence entre deux niveaux linguistiques ne concerne plus seulement l’intrusion d’unités lexicales isolées dans un registre linguistique différent, mais l’alternance de vers, de membres de phrases ou de phrases entières, il est tentant de voir dans ces vestiges des reflets de pratiques assimilables à la notion linguistique de ‘code-switching’ (pratique d’alternance régulière entre deux systèmes linguistiques à l’intérieur de la communication). Que représente pour le lettré médiéval l’aller-retour motivé d’une langue à l’autre au sein d’une même unité textuelle ? Quelles sont les conditions d’émergence de ces stratégies lettrées d’alternance linguistique ? En quoi un texte présentant un emploi alterné de deux langues peut-il être considéré comme un écho de pratiques orales de « code-switching » ? Faut-il opposer des stratégies de sauts de langues « littéraires » à des pratiques diplomatiques ou administratives ? L’usage de la notion est-il pertinent à toutes les époques du Moyen Âge ? Pour apporter un début de réponse à certaines de ces questions, on adopte ici une approche comparatiste, en invitant à une réflexion croisée entre les méthodologies des linguistes et des historiens. Trois axes problématiques sont privilégiés : l’application des notions linguistiques proches du ‘code-switching’ par les médiévistes et ses problèmes méthodologiques ; l’effet d’exotisme et d’étrangeté ; la reconstruction des cadres et pratiques sociolinguistiques à partir de la documentation textuelle.
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Evidence of code-switching in medieval documents ?. In the course of textual analysis, medievalists are often confronted with jumps from one language to another within the same text. When the interference between two linguistic levels goes beyond the intrusion of isolated lexical units into a different linguistic register, with an alternation of language between lines of verse, subclauses or complete sentences, it is tempting to see in these phenomena a vestigial evidence of practices which could be assimilated to the linguistic notion of ‘code-switching’ (the practice of regularly moving between two different linguistic systems in the process of communication). What did the movement between two languages within a single textual unit mean for literate individuals in the middle ages ? What were the conditions for the emergence of these literate strategies of language switching ? How far can we take a text which alternates between two languages as an echo of oral practices of ‘code-switching’ ? Are ‘literary’ strategies of language switching necessarily different from diplomatic and administrative practices ? Is the use of this notion relevant to all medieval periods ? In order to start to answer some of these questions, the approach adopted here is a comparative one, whilst inviting a process of reflection which combines the methods of linguists and historians. Three axes of inquiry are given particular attention : the application by medievalists of linguistic notions close to ‘code-switching’ and the methodological problems which accompany it ; the effect of exoticism or strangeness ; the reconstruction of sociolinguistic frameworks and practices from textual documentation.
Sommaire
- Benoît GRÉVIN, « L’alternance latin-sicilien dans les actes siciliens du XVe siècle » (PDF, 198ko)
- Aude MAIREY, « Multilinguisme et code-switching en Angleterre à la fin du Moyen Âge » (PDF, 316ko)
- Marieke VAN ACKER, « Peut-on parler des reflets de code-switching dans la documentation du Haut Moyen Âge et dans quelles conditions ? » (PDF, 196ko)
- Julien VÉRONÈSE, « Sauts de langue et parole performative dans les textes de magie rituelle médiévale » (PDF, 221ko) -
2008
Numéro 1 (2008)
Les regroupements textuels au Moyen Âge. Exploitation, fonctionnalités et logiques de rassemblement entre collection manuscrite et archive »
Les journées d’étude du Laboratoire de Médiévistique occidentale de Paris tenues le 20-21 mars 2008 ont été consacrées au thème : « Les regroupements textuels au Moyen Âge. Exploitation, fonctionnalités et logiques de rassemblement entre collection manuscrite et archive ». Historien des actes de la pratique, du livre, des textes, le médiéviste opère un constant aller-retour entre l’unité documentaire – acte, lettre, texte « littéraire » – et l’ensemble plus vaste dans lequel elle est regroupée : collection, recueil, série. La structuration même des recueils d’actes a imposé dès l’origine de leur étude une réflexion sur le regroupement des pièces en dossiers ou unités archivistiques. La nécessité de dépasser l’étude des textes « littéraires » isolés pour comprendre les dynamiques de regroupement d’unités textuelles en collections manuscrites s’est affirmée plus récemment. Au-delà des enjeux méthodologiques posés par le saut du manuscrit ou recueil de dimension restreinte à la série archivistique, la question de la cohabitation de textes de statut divers dans le manuscrit, le recueil ou l’archive invite à retrouver, sans a priori disciplinaire, la logique médiévale de d’organisation du matériau textuel. La somme des unités d’un regroupement textuel, de nature codicologique ou archivistique, ne correspond en effet pas à leur simple addition : leur réunion crée un nouvel artefact.
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Textual groupings in the Middle Ages. The annual workshop of the Laboratoire de Médiévistique Occidentale of the University of Paris I (LaMOP) held on 20 and 21 March 2008 was organised around the theme : ‘Textual groupings in the Middle Age. The uses, functions and logics of text groupings from manuscript collections to archives.’ As an historian of archives, of the book, of texts, the medievalist is in constant interaction with the document – a written act, a letter, a ‘literary’ text – and the larger whole of which it forms a part : the register, collection or archival series. The very structure of collections of acta has necessitated reflection concerning the grouping of particular items in dossiers or archival units since the beginning of work on the matter. More recently the need to go beyond the study of ‘literary’ texts in isolation in order to understand the dynamics behind the grouping of textual units in manuscript collections has also come to the fore. And quite apart from the methodological questions raised by the move from a manuscript or a collection of a finite size to the archival series, the question of the presence of texts of various different statuses in a manuscript, in a collection or in an archive invites reflection, regardless of disciplinary perspective, about the logic behind the organisation of textual material in the middle ages. The sum of the units of a particular textual grouping, whether in a codex or an archive, is not a simple matter of addition : bringing them together creates a new artefact.
Sommaire
- Pierre CHASTANG, « Des archives au codex : les enjeux de la rédaction des cartulaires (XIe-XIVe siècle) » (PDF, 157ko)
- Benoît GRÉVIN, « De la collection épistolaire au formulaire de chancellerie (XIIIe-XVe siècle) : enquêtes fonctionnalistes, transitions typologiques et fractures disciplinaires » (PDF, 229ko)
- Damien KEMPF, « Réflexions sur les regroupements textuels des Chroniques de la Première croisade » (PDF, 141ko)
- Richard TRACHSLER, « De l’objet au texte et vice versa. Le statut du recueil manuscrit dans les études de la littérature du Moyen Âge » (PDF, 164ko)
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2017