Projet scientifique
Ce thème s’intéresse aux perceptions et usages de l’espace médiéval. Son objectif principal consiste à appréhender l’espace comme une donnée non seulement physique mais aussi (et surtout) sociale, définie par des pratiques et des notions historiquement variables: connaissance/ignorance des données spatiales, appréhension géométrique ou empirique de l’espace, représentations cartographiques, choix des concepts médiévaux pour définir un lieu, une frontière ou un territoire, etc.). Ce sujet implique quelques approches spécifiques, notamment l’attention à des données iconographiques (cartes médiévales) et l’utilisation importante de l’informatique (bases de données et réalisations de cartes modernes). Le thème se structure autour de trois programmes (Paris médiéval, Espace et représentations et TOPAMA), qui abordent la question des spatialités de manières différentes et complémentaires. Dans le cas de Paris médiéval, il s’agit de restituer par des outils cartographiques actuels l’aspect et les fonctions de l’espace parisien médiéval en se fondant sur des sources textuelles qui sont géoréférencées dans un système d’information géographique. Le programme Espace et représentations propose quant à lui d’explorer et d’expliquer les traces des représentations spatiales (textuelles, iconographiques et cartographiques) réalisées à l’époque médiévale, avec leurs propres conventions, concepts, techniques et usages. Enfin, le programme TOPAMA permet d’élaborer un outil informatique de géographie historique permettant de localiser précisément des lieux médiévaux et de cartographier leurs relations.
Porteurs :
À ce thème participent ou ont participé 6 chercheurs du LaMOP (Hélène Noizet, Emmanuelle Vagnon, Geneviève Bührer-Thierry, Davide Gherdevich, Thomas Lienhard), trois chercheurs associés (Anne Massoni-Hubert, Pascal Chareille, Benoît Descamps) et un ingénieur d’étude du LaMOP (Willy Morice).
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Paris médiéval
ALPAGE (AnaLyse diachronique de l'espace urbain PArisien: approche GÉomatique)
C’est autour du programme ALPAGE (AnaLyse diachronique de l'espace urbain PArisien: approche GÉomatique) que s’est progressivement constitué un groupe de recherche sur Paris médiéval. ALPAGE est une plateforme d’information géohistorique concernant la ville de Paris. Elle repose sur une dynamique de travail impulsée en 2006, grâce au soutien de l’ANR, et qui s’est pérennisée au-delà de la phase financée (2006-2010). Coordonnés par Hélène Noizet, les historiens, géomaticiens et informaticiens du projet initial ont posé les bases d’un système d’information géographique (SIG) sur l’espace parisien pré-industriel. Les données spatiales de référence (tissu urbain, enceintes, paroisses…), construites pour le début du XIXe siècle et pour les périodes médiévale et moderne, sont mises en ligne et téléchargeables dans une plateforme cartographique accessible à tous : http://alpage.huma-num.fr. Le groupe s’est transformé en un réseau de chercheurs et d’étudiants travaillant sur l’histoire de Paris. Depuis 2013, il se réunit deux fois par an pour faire le point sur les nouvelles données et questions traitées. Il s’enrichit progressivement des contributions nouvelles, élargissant les thématiques, comme celles des infrastructures techniques (quais, voieries-décharges), des activités socio-économiques (marchés, ports), du relief antérieur au XIXe siècle. Le croisement de ces données permet de reprendre à nouveaux frais l’histoire de Paris, dans une double dimension – celle, banale, de toute agglomération urbaine, et en même temps celle, particulière, de capitale –, ce dont témoigne plus d’une trentaine de publications. D’autres activités scientifiques, antérieure ou nouvelles, se sont greffées à ALPAGE, permettant un renouvellement de l’historiographie parisienne dans plusieurs cercles. Au séminaire de l’IRHT sur « Paris au Moyen Âge », co-dirigé par Caroline Bourlet depuis 1998, se sont ajoutés depuis 2011 les « Rencontres d’histoire de Paris », co-organisées par des historiens médiévistes et modernistes de l’université de Paris 1 et les Archives nationales (la 4e édition de 2015 a été publiée en 2017), des séances du séminaire de latin du LaMOP (organisé par Benoît Grévin), consacrées à la traduction de documents parisiens, ainsi qu’un groupe de rédacteurs ayant pris en charge une page « Paris médiéval » sur le site de Ménestrel. Ces multiples travaux permettent ainsi à des chercheurs du LaMOP d’échanger régulièrement autour du terrain d’étude parisien, notamment Hélène Noizet, Benoît Grévin, Julie Claustre, Thierry Kouamé (Studium Parisiense), auxquels s’ajoutent de nombreux autres chercheurs associés ou issus d’autres institutions (Boris Bove à Paris 8, Christine Jehanno à Boulogne, Anne Massoni à Limoges, Benoît Descamps…). -
Espace et représentations
Ce programme de recherche concerne l’étude des représentations de l’espace telles qu’elles ont été pensées et élaborées au Moyen Âge. Il s’intéresse donc à la fois aux productions cartographiques médiévales (mappemondes, cartes marines, cartes régionales et locales) et aux descriptions textuelles qui expriment ce rapport à l’espace dans les sociétés médiévales. Il peut s’agir de textes techniques (notamment des livres d’instructions maritimes, des livres d’astronomie, des manuels d’arpentage…) ou des textes littéraires (récits de voyage, descriptions de la Terre sainte, descriptions de villes). L’étude de ces documents consiste à comprendre quelles ont été les manières de concevoir l’espace au Moyen Âge et quelles ont été les pratiques sociales, économiques et politiques liées à l’espace. Ce programme s’est, depuis 2013, développé sous la forme de plusieurs projets.
La question de l’espace et des représentations a permis également de tisser des liens avec d’autres thèmes développés au sein du LaMOP à travers la participation aux journées d’étude d’histoire textuelle du thème Livre, textes, langages (4 décembre 2014 : Pour une histoire de l’espace au Moyen Âge : textes et cartes ; 8 décembre 2016 : Décrire la ville) (voir les Cahiers d'histoire textuelle) comme au séminaire « Vocabulaires de spécialités » du thème Formes, matière, techniques.Mappa Mundi
Le projet de recherche Mappa mundi, sur la mappemonde d’Albi, une représentation détaillée du monde datée du VIIIe siècle, récemment classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Les actes du colloque et les communications du séminaire sont en cours de publication. Le projet est prolongé par le travail de deux étudiants en Master, à Albi et une au LaMOP (Julie Richard Dalsace).
Locus
Le séminaire Locus mis en place en 2017 par Emmanuelle Vagnon et Christopher Fletcher, permet, pour sa part, de mettre en relation les textes, les pratiques de l’espace et ses représentations. Il propose de réfléchir à la question de l’espace, et aux méthodes utilisées pour analyser la question des « lieux » dans les sources médiévales. Les travaux sur l’espace et ses représentations se sont aussi développées autour de la publication de l’ouvrage La Fabrique de l’océan Indien (par Emmanuelle Vagnon et Eric Vallet (dir.), Paris, Publications de la Sorbonne, 2017 - voir notre page dédiée aux publications), livre collectif issu d’une collaboration avec le Laboratoire Orient-Méditerranée et la Chaire de Dialogue des Cultures de Paris 1, avec la collaboration d’Éric Rieth, chercheur au LaMOP. Un documentaire filmé, réalisé à partir du livre, est en cours d’élaboration, avec la participation de la Bibliothèque nationale de France (département des Cartes et Plans).
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Topographie de l’Antiquité et du Moyen Âge
Le programme TOPAMA fournit des données concernant la géographie historique de l’Europe et de l’Afrique du Nord entre l’an 0 et 1500. Les données qu’il propose sont sérielles, datées, de grande précision (généralement à l’échelle de l’are) et au format ouvert, ce qui signifie que quiconque peut les télécharger pour les personnaliser. L’équipe à l’œuvre se compose actuellement de Thomas Lienhard (LaMOP), Armin Volkmann (Heidelberg), Willy Morice (IE LaMOP), Anne Laurent (IRHT) et Mohamed Benabbès (Tunis), mais une collaboration avec d’autres programmes (notamment le Digital Atlas of Roman and Medieval Civilization, Harvard, et le site vici.org) permettent d’obtenir des résultats plus rapides par échange de données. Les années 2012-2017 ont été consacrées à la mise en place du site et à une première collecte de données. Durant cette période, ce sont quelque 17 000 points qui ont été référencés, en particulier des archevêchés et évêchés, des sites fortifiés, des aqueducs, des ponts, des temples, des théâtres, des thermes, des vici, et des villes. À partir de 2018, ont été cartographiés des territoires politiques, notamment tous les partages royaux mérovingiens et la plupart des divisions carolingiennes. Toutes ces données sont disponibles sur le site Ménestrel. Durant les prochaines années, les progrès attendus sont de deux ordres :
- enrichissement des données (notamment pour ce qui concerne les monastères, les palais, les châteaux, les routes et l’Afrique du Nord) ;
- ouverture au public d’un WebSIG interactif hébergé par Huma-Num.